Comme d'habitude, Mizuki arrivait baignée de mystère. Avancent dans ce hall, elle peur d'effrayer tout le monde en arrivant entourée de brume et ayant une tête de déterrée. Ses cheveux étaient entre le brun et le châtain. Elle était très pâle aujourd'hui. Fatiguée comme elle l'était, on aurai pu croire qu'elle avait les yeux bridés, alors qu'elle avait juste les yeux en amande d'habitude. De très beaux yeux. Elle portait son pull préféré, un joli pull bleu. Ce pull était accompagné d'une écharpe rouge achetée lors d'un de ses voyages en Angleterre. Avec ses bottines motardes et son jean slim bleu, elle avait un look simple mais qui faisait son charme. En observant autour de soi, pour sa part, elle trouvait le hall vraiment beau, et cette couleur indigo, assez particulière, elle la trouva belle aussi. Elle était un peu perdue : elle ne savais ni ou aller ni que faire. Elle songea même à faire demi-tour, mais se résonna. Elle voyait un tas d'élève autour d'elle, et avait l'impression de faire vraiment tâche parmi eux. Elle vit certains élèves qui donnaient l'air de préparer un sale coup, mais ne pouvait rien y faire, étant nouvelle. Elle voyait des gens sourire, de profs comme des élèves. Elle se décida enfin à aller vers quelqu'un, avec son air le plus gentil possible. Elle se sentie mieux, calme et souris.
-Bonjour, pourrai-je savoir où se trouve l'administration ?
Raté, vu la tête de l'élève elle avait dû l'effrayer. Malgré tout ses efforts, elle avait dû paraître froide. Elle essayait de se consoler, peut-être avait-il juste eu peur de sa tête ? Peut-être avait-il été juste surpris ? Elle eut le temps de se dire tout ça en un laps de temps de deux secondes.

Spoiler:

Mauvaise journée, mauvaise journée. C'est ce qu’ânonnait ton cerveau, sans relâche. Mauvais levé. Mauvais petit-déj'. Mauvais cours. Mauvaises rencontres. Pas de repas de midi du tout. Mauvais temps. Encore un seul mauvais et tu ne répondais plus de rien. Fiuu. Le bruit de ton souffle chaud dans l'air frais. Pas chaud, en ce moment. L'arrivée de l'automne a apporté avec elle la froidure tant détestée. Tu aimes les arbres roux et bruns, mais déjà ils laissent tomber leurs feuilles et apparaître leur squelette spectral. Pas eu d'automne à proprement parler, cette année... Tout au plus quelques semaines d'entre saison, brève intermède agréable. Tu frissonnes à la pensée de la neige et du froid. Tu les aimes bien, pourtant. Mais de l'intérieur seulement. Après avoir passé trop de nuit à grelotter et battre en retraite dans le métro pour fuir la neige, tu la contemples dorénavant de loin. Au chaud de préférence.
Perdue dans tes pensées, tu entres machinalement dans le hall d'entrée, à la recherche d'un peu de chaleur. Tu avances sans te poser trop de questions sur les gens qui peuplent le couloir, et va te coller contre un radiateur. Tu souffle dans tes mains gantées pour tenter de leurs insuffler un peu de chaleur en attendant que la température ambiante face effet. Tu regardes autour de toi, et contemple la foule qui hante le lieu. Des élèves massés devant le panneau d'affichage, espérant apercevoir le nom de leurs professeurs dans la colonne des absents. Des groupes de filles qui piaillent et gloussent bruyamment. Deux ou trois élèves isolés assis dans un coin, lisant ou regardant dans le vide. Des professeurs cheminant de salles en salles, s'arrêtant pour échanger deux mots entre eux ou avec leurs élèves. Des couples enlacés qui profitent d'un moment pour s'embrasser au chaud.
Tout ce monde finit par emplir tes oreilles d'un ronron familier et bourdonnant, et tu fermes les yeux, presque en paix. Finalement, il en faut peu pour être heureux. Ta respiration s’apaise, le vide se fait dans ton esprit. Fffff, fffff. Ffff, fffff. Ton souffle est régulier maintenant. Soudain, un bruit parasite extrêmement proche te prend de court et te fait battre des paupières, un air mécontent sur le visage.
"Bonjour, pourrai-je savoir où se trouve l'administration ?"
C'est une fille. Brune ou bien châtain, les cheveux longs, écharpe rouge. L'air avenant. Sûrement juste une nouvelle élève un peu pommée, qui cherchait son chemin. Elle ne méritait pas ton courroux. Seulement tu craques, trop c'est trop. Ton inestimable moment de quiétude vient de voler en éclats. Alors tu adoptes une sale tête. La tête des mauvais jours. La tête du serial-killer. La tête du pire. D'ailleurs elle le voit bien, la fille, qu'elle a commit une erreur. Tu le vois à son visage, mais tu t'en fiches. C'est de sa faute. Tu craches une réponse du bout des lèvres :
"Plus loin."
Et puis tu pries pour qu'elle lâche le morceau et s'en aille. Qu'elle te laisse à ta rêverie. Mais avec ta chance, elle va s'accrocher. Parce que c'est toujours comme ça. Quand tu deviens agressif, soit on se rétracte, soit on sort ses griffes. Tu espères que la première solution s'applique à la fille.

Spoiler:

La réponse de l'élève en face d'elle ne l'aidait pas, mais alors vraiment pas. "Plus loin", oui mais, plus loin où ? Cette personne n'avait pas l'air commode, en temps normal, Mizuki aurait bien essayé de parler avec elle ou alors se serait énervée. Mais aujourd'hui, c'était différent, elle était fatiguée. Fatiguée, et surtout perdue, dans un environnement qui n'était pas le sien. Ne sachant que trop faire, hésitant entre ne pas lâcher le morceau pour ne pas paraître faiblarde ou laisser et aller voir ailleurs, elle choisit finalement la première option. Elle l'a choisie tout d'abord car elle n'est pas du genre à faire la petite fille bien sage qui va chercher ailleurs. Et puis, sincèrement, elle n'allait pas aller voir un autre élève car elle n'en avait pas envie. Et si ça se reproduisait encore ? Elle lâcha, cette fois sans faire aucun effort ces mots :
-Tu sais, ta réponse ne m'aide pas beaucoup. Pourrai-je avoir quelques précisions s'il te plaît ? Insistant bien sur le s'il te plait, montrant qu'elle pouvait être gentille mais qu'elle ne se laisse jamais, jamais marcher sur les pieds.
L'autre élève aussi avait l'air d'avoir fort caractère, et elle se doutait que peut-être ça n'irai pas mieux. Elle na voulait pas faire mauvaise impression dès le début, mais si ça arrive, tant pis. Pourquoi essayer de changer pour les autres ? Si finalement on ne reste pas soi-même alors que sommes-nous, en réalité ?