Personne à l'horizon. Une occasion pour moi de ruminer encore avec mes pensées. Enfin, et celles des autres accessoirement. J'étais en train de faire la queue au réfectoire pour aller m’empiffrer à une table de la salle à manger, seule, et pour une fois, plutôt contente de l'être. Je faisais glisser mon plateau sur les rails, fixant tous les bons petits plats qu'il y avait. Je me décidai pour la salade verte garnie de tellement de chose que je savais pas ce que c'était, comme entrée. J'arrivai en direction des assiettes de repas. Je pris la plus grosse assiette de pâtes carbonara, mon ventre en gargouillant déjà de contentement. Arrivée devant les desserts, je me laissai tenter par une part de fondant au chocolat et une pomme avant de me servir de l'eau, prendre un morceau de pain et déguerpir dans la salle à manger principale. J'avisai une table près de la fenêtre, la repérant directement, je me dépêchai d'aller la rejoindre et c'était limite si je ne courais pas pour être sure de m'attablée là avant qui que ce soit. Quelques élèves qui mangeaient déjà avec leurs amis me dévisagèrent, se demandant qui était cette folle. A vrai dire, je n'étais pas sous mon meilleur jour, mes cheveux relevés en queue de cheval étaient emmêlés et partaient dans tous les sens, mes lunettes rondes remontaient sur mon nez était assombries par les mèches qui de cheveux qui tombaient devant mon visage. Je portais un sous pull dont les manches étaient trop longues et recouvraient la moitié de mes mains, mes ongles vernis de noir depuis trop longtemps étaient rongés et avaient perdus la moitié de leur couleur. Mon jean troué, large, descendaient très bas, et se logeaient sous les converses entièrement noires à chaque pas, donnant à ma démarche nonchalante et blasée, un son feutré. Mais oublions les détails et revenons à nos moutons. J'arrivai enfin à mon but, devant la table de quatre. Presque soulagée, je claquai mon plateau sur le bois bleus ombre -oui, encore cette couleur- de la table. A l'unisson, un autre plateau venait de faire vibrer le bois, tenu par des mains qui avaient eu visiblement la même intention que moi. Je levai les yeux vers l'élève qui s'était installé en face, avec la même ferme intention que cette table serait la sienne et éclatai de rire en voyant sa mine surprise.

Etant l'heure du repas, Kalen s'était dirigé vers le self, plateau à la main, il avait pris que peu de chose, une assiette de nouille, un pain et une pomme. Ne connaissant à peu près personne, il s'était dirigé vers la table la plus proche, près d'une fenêtre, plutôt une place discrète, sa lui plaisait, il n'avait aucune envie de se faire remarquer, du moin pas tout de suite... Vêtu d'un sweat bleu à capuche qui était d'ailleurs relevé sur ses cheveux roux-châtains, un jean ample avec des trous et des pauvres converses dont les lacets étaient tout le temps défaits. Il posa son plateau sur la table et remarqua un plateau en face de lui, une jeune fille venait de le poser sans qu'il ne s'en aperçoive, elle convoitait la même place, et se mit à rire, Kalen fit aussi à sourire et releva sa tête pour dévisager la jeune fille. Il fixa ses yeux oranges, et esquiva un battement de cils immédiats, comme pour cacher ses propres yeux. En un instant, il venait de visualiser toute la salle avec sa vue, et regarda de nouveau la jeune fille, souriant malicieusement toujours, il s'assit à la table et dit:
Kalen! Bon app'!
En trois mots, il s'était présenté! Attendant la réaction de la jeune fille, il planta sa fourchette dans son assiette et attendit.

Le jeune homme sourit malicieusement.
- Kalen ! Bon app' !
Sur ces mots il pris place et planta sa fourchette en plein dans son assiette, puis me regarda, l'air d'attendre que je fasse de même. Un grand sourire collé aux lèvres, je m'affalai sur la chaise.
- Yuki ! Merci, à toi aussi !
L'imitant, je dégainai mes couverts et entreprit de fourrer les feuilles de salades proprement dans ma bouche. Je pus alors détailler tranquillement Kalen. Il était un peu plus grand que moi, carré sans trop en abusé, une tignasse rousse en bataille, des yeux curieusement orangés; plutôt beau. Il portait un sweat à capuche bleu, dont cette dernière était relevé, un jean large et troué tout comme le mien, et les mêmes converses avec les lacets défaits. A le voir picorait dans son assiette de nouilles, on aurait pu le prendre pour mon frère: même fringues, mêmes philosophie concernant le "coiffage" des cheveux et les mêmes manières. Je souris toute seule, contente de m'être trouver un semblable. Je poussai la salade sur le côté et tripatouillai dans mon assiette pour saisir les pâtes dégoulinant de crème entre les dents de ma fourchette et les déguster avec appétit. Je bus un peau d'eau, me rafraîchissant un peu le gosier. Je jetai un oeil dehors, les arbres dont les couleurs vermeils chatoyaient, avaient bien perdu de leur feuillage et le vent soufflant entre les branches sous ce ciel gris nous faisait comprendre qu'il ne tarderait pas à pleuvoir. Je reportai mon attention sur mon voisin, enfournant une nouvelle fourchette de pâtes.
- Alors, quel âge as tu ?
Je comptais tout de même faire connaissance avec lui, décidant de ne pas passer le dîner dans le silence, le nez fourré dans nos plats.

[ et hop faut que je rattrape mon retard! ^^"]

17 ans.
Il poussa son plateau sur le côté et commença à déchiqueter son morceau de pain, le self était bruyant et remplis, si Kalen n'aimait pas tellement la nourriture qu'il y avait, il était bien obliger d'y passer chaque midi. Il entreprit de découper son morceau de pain en plusieurs bouts mais se délaissa et le reposa. Il observa de nouveau la jeune fille et lui sortit.

En fait, t'es ptite nan?

Il ne savait pas pourquoi il venait de sortir sa, c'était Kalen, il sortait les questions qui ne servaient à rien ou alors il se fichait des réponses. Si cela pouvait choquer quelqu'un, sa ne voulait dire que "salut, j'm'ennuie, j'ai pas de question mais comme j'aime bien ta tête j't'en pose une quand même" . Il reposa son bout de pain martyrisé sur son assiette et croqua dans la pomme, passant une main dans ses cheveux plus que jamais en bataille il échappa un gros soupire.

- 17 ans.
Il poussa son plateau sur le côté avant de s'acharner sur un bout de pain. Je fixai ses doigts déchiqueter la croûte avant d'étaler les morceaux sur la tables dans une pluie de miettes.
- En fait, t'es p'tite nan ? fit il avec nonchalance en reportant son attention sur moi.
Il alla croquer vigoureusement dans sa pomme pour la mâcher en soupirant. J'entortillais encore les pâtes pleine de sauce autour de ma fourchette une dernière fois, terminant mon assiette. Je pris la part de fondant au chocolat, je l'émiettai quelque peu avant de la porter à mes lèvres et d'en prendre une bouchée, des traces de chocolat s'incrustant autour de ma bouche. Je souris à mon voisin. Sa réflexion était plutôt logique, bien que j'eusse mes seize ans depuis un bout de temps, on me prenait souvent pour quelqu'un de plus jeune. Je n'étais pas vraiment de petite taille, je n'avais pas une bouille de gamine, mais la plupart du temps, les gens me prenaient pour une fragile fillette.
- Non, je n'ai qu'un an de moins que toi ! pouffai-je.
Je balayai mes cheveux derrière mes épaules avant de me remettre à attaquer ce pauvre fondant qui n'avait rien demandé, le sucre glace me bariolant les lèvres, pas super élégant, mais bon.

Elle dévora son assiette de spaghetti en un clin d'oeuil ce qui m’ôta un petit sourire et s'attaqua à sa part de fondant au chocolat, elle finit plutôt rapidement sa part et répondit à ma question.

Non, je n'ai qu'un an de moins que toi ! me dit elle

Avec un sourire amusé je lui répondit en pointant mon doigt sur son nez, avec un rire franc, et l'obligea à loucher quelques secondes.

Ahah! C'est bien ce que je dis, tu es ptite! Bah il faut des bien des ptits ici! Sinon à quoi serviraient les grands?

Je rigolais un bon coup, je repris mon plateau qui à part la pomme était resté intact, il faut dire que je ne mangeais quasiment jamais, enfin dans un self. La nourriture ne me convenait jamais! Je l'as vis prendre son plateau et me suivre. Continuant ma marche en souriant, je marcha alors sur l'un de mes lacets, et... Renversa mon plateau sur le sol. Un grand bruit résonne dans la salle et provoqua des rires. Bah tant pis, pensais-je au moin sa tombera pas plus bas! J'éclata d'un rire et retira ma capuche, je plaça ma main devant moi et "activa" mes yeux, la scène se refit en sens inverse pour retomber intact dans mes bras, quelques étonnement eurent lieu dans la salle, persunne ne montrait ces pouvoirs en dehors des cours. Ce n'était pas vraiment conseillé... Mais je venais de le faire et continua ma route comme si de rien n'était avec la jeune fille derrière moi.