Raphaël avait grimpé jusqu'à l'observatoire. Dans quel but? Il l'ignorait. Aucun sans doute. L'étrange bâtiment avait attiré son attention et piqué sa curiosité. Pas qu'il soit vraiment passionné d'astronomie, mais plutôt que c'est le genre de lieu qu'il n'avait pas toujours l'occasion de visiter, et qui n'a jamais été tenté de voir de plus près les étoiles? Une fois entré, il s'était senti comme arrivé dans un univers inconnu. Une pièce pleine de télescopes et autres outils de mesure... Comme si il tournait dans un film de science-fiction.. Ou alors qu'il était un grand scientifique, prêt à découvrir une nouvelle galaxie. Il s'approcha doucement, effleurant du bout des doigts la surface lisse des appareils. Ayant fait le tour de la pièce, il fut comme attiré par le plus gros des télescopes, qui trônait au centre, l'objectif pointé vers le ciel. Le garçon s'assit sur le siège et mit l'œil devant. D'abord il ne vit rien. Il régla les différents paramètres, un peu au hasard, voyant bien si ça changeait quelque chose ou non. Après quelques manipulations, il parvint à obtenir une image de plus en plus nette. Il ajusta son fauteuil et éloigna un peu son œil. C'était parfait. Il se concentra sur l'image. Les différents astres devant lui brillaient d'une lueur apaisante. Certaines étoiles clignotaient, d'autres restaient là, immobiles. Il y en avait que l'on aurait cru pouvoir toucher tellement elles paraissent proches.. Et d'autres, si lointaines, que l'on était surpris de pouvoir distinguer leur lumière..Et dire que cette lumière était émise des milliards d'années avant que nous ne l'apercevions. Sortant de ses pensée, il rougit en se rendant compte qu'il avait un peu tendu la main, comme pour saisir une de ces nombreuses étoiles. Il rangeait sa main dans sa poche, quand il entendit un léger mouvement derrière lui. Il ne savait pas à si c'était à quelques centimètres de lui, ou à l'autre bout de la pièce, mais il savait que quelqu'un était là. Surement depuis un moment, en tout cas si c'était le cas, plongé comme il l'était dans l'observation de la voûte céleste, il n'avait même pas soupçonné la présence de qui que ce soit. Le stress montait en lui, cependant il lui fallait faire face. Il n'allait pas rester assis ici, c'était ridicule.. Il se redressa, ferma les yeux très fort, pour se réveiller un peu, passa machinalement la main dans ses cheveux bleus, prit une discrète mais profonde respiration et descendit de sa chaise. Puis, prenant son courage à deux mains, il tourna la tête, dévisageant et se laissant dévisagé par l'inconnu(e)...

« Et si un jour je brille moi aussi sans fin...»

Le ciel n'a jamais pu être aussi beau que cette nuit là. Ann-Elizabeth était venu jusqu'ici pour observer la beauté lunaire. Son sourire grandissait à mesure que les étoiles se dessinaient. Elle prenait sans doute plus de plaisir à regarder ces astres lumineux qu'à tout autre chose. Et elle avait pourtant les larmes aux yeux. Cela aurait bien pu être pour la beauté du paysage, ou encore pour la brise légère du vent qui lui couvrait de temps en temps les yeux, mais pourtant non. Elle avait le regard perdu dans le ciel, et brillait à travers les étoiles de la nuit. Ses mains étaient perdus dans ses cheveux bouclés, qu'elle remettait légèrement en place de ses longs doigts fins. La lune était presque pleine maintenant, elle l'éclairait, elle l'éclairerait toute la nuit. Ann-Elizabeth sécha ses larmes d'un revers de bras, et pourtant, elles continuaient de couler doucement, automatiquement. Son cœur était trop lourd en cet instant, sa tête lui faisait mal, et puis, il y avait tout le reste. Qui lui faisait mal, un peu beaucoup, passionnément, à la folie pas du tout ? Si, justement. Elle pensa un moment à retourner dans sa chambre, mais elle n'en avait pas la force et pas l'envie. C'est vrai que la nuit était belle comme rarement, et d'ici, elle arrivait encore à rêver comme lorsqu'elle était petite. La jeune fille eu un soupire long, comme pour se calmer, se rassurer. Même si ça ne marchait pas vraiment, elle tentait de ralentir les battements de son cœur blessé. Et puis alors qu'elle regardait sans pouvoir cesser le ciel sombre et à la fois lumineux, elle crut apercevoir une silhouette à l'autre bout du lieu. Un peu surprise, elle sursauta, retenant un petit cri d'effroi. Rapidement inquiétée de nature, elle se faisait déjà le pire des scénarios. Mais c'était sans doute un élève ou autre, en tout cas, elle essayait de s'en convaincre.

Finalement, elle se dirigea en direction de l'ombre passée si rapidement et discrètement. Approchant doucement, elle avait les mains dans les poches de son gilet, ne cherchant plus maintenant à sécher les quelques larmes encore présentes au bord de ses yeux.Sur ses gardes, elle ne voyait toujours pas de qui il s'agissait là. Elle plissa un peu les yeux et finalement constata qu'il s'agissait d'un élève. D'un pas tranquille, elle s'était avancée jusqu'à lui et souri doucement, ses yeux toujours bordées de larmes, mais tant pis, elle les avaient même oubliées maintenant. Levant le regard vers le ciel, elle fixait une étoile en particulier, la moins brillante était la plus belle à ses yeux.

« J'aime venir ici. J'aime les étoiles et le ciel, j'aime la nuit. »

Et les étoiles dormaient sans fin.

Elle le regardait depuis qu'il avait tourné la tête. Elle ne peut s'empêcher de le trouver beau garçon, mais surtout, son regard lui plaisait. Il était attendrissant. Et quelque part, ses yeux lui rappelaient ceux d'un garçon qu'elle avait bien connu. Lui, qui n'était plus là, et ne le serait plus jamais désormais. Cette pensée n'allait pas guérir ses larmes, déjà et toujours là. Mais c'était comme ça, elle ne pourrait jamais oublier. Surtout face à ce regard, de la même couleur, de la même lueur. Ann-Elizabeth était désormais à côté du jeune homme, et elle aussi, entre temps avait relevé la tête vers le ciel.

- Je n'étais jamais venu ici.. C'est tellement beau. Je trouve que ça fait rêver.. Surtout aujourd'hui, la nuit est magnifique.

La jeune fille hocha la tête silencieusement. Elle souriait, et ses larmes avaient déjà séchées contre sa peau, désormais, l'eau salée s'y était imprégnée doucement. Elle regardait les étoiles, qui se reflétaient au fond de ses grands yeux bleu. Sans doute n'y avait-il pas de fin dans son regard, tout comme il n'y en avait pas dans l'espace qu'ils observaient tous les deux côtes à côtes. Puis, elle se sentit observer, et elle avait eu raison, le jeune garçon avait tourné la tête vers elle. Là dessus, elle avait un peu rougit, gênée d'être ainsi dévisagée. Elle qui n'aimait pas attirer l'attention.

- Oui. Quand je viens ici, mes rêves brillent à nouveau. Chaque étoile est sans doute un rêve d'enfant perdu. Et lorsqu'il grandit, il voit dans le ciel, que son rêve n'est pas encore mort.

La fille aux cheveux rose adressa un léger sourire aux étoiles et baissa les yeux. C'était sans doute ça, le secret du ciel. Elle soupira doucement, et sortit de ses pensées. Après tout, elle n'était plus toute seule maintenant. Son regard croisa celui du garçon, et elle détourna aussitôt les yeux, rougissant encore une fois. Elle frissonnait un peu, le vent leur tenant compagnie.

Il avait passé sa main dans ses cheveux, et sans qu'elle ne sache pourquoi, ce geste avait fait battre le cœur de la jeune fille à vive allure. Vraiment, elle ne savait pas pourquoi. C'était un geste banal, alors pourquoi ne pouvait-elle s'empêcher de rougir légèrement en le voyant faire ? Et quand elle croisait son regard, c'était encore pire. Ses joues étaient en feu, et sans doute, que son cœur aussi, même si elle ne pouvait pas le voir. Chacune des étoiles qui témoignaient de leur rencontre, luisaient sans fin sur leur lit de satin. Ann-Elizabeth se sentait bizarre, sans pouvoir mettre un mot sur ce qu'elle éprouvait. C'était un flot d'émotions. Cette nuit était belle et la présence de ce garçon l'était tout autant. A vrai dire, elle était un peu troublée. Elle, avait toujours voulu se tenir là, avec quelqu'un, bien que, ce n'était pas un inconnu qu'elle avait eu en tête. Peu importe, une nuit comme celle là ça ne s'oubliait jamais. D'ailleurs, elle était certaine, qu'un garçon comme celui-là, ça ne s'oubliait jamais non plus.

- Je.. souhaite que ton rêve d'enfant ne cesse de briller, jusqu'à ce qu'il se réalise vraiment.

La jeune fille avait esquissé un vague sourire . Pourtant, elle était bien la moins brillante des étoiles. Sans doute puisque maintenant, elle avait perdu une de ses raisons de vivre, Peter, encore Peter, qui ne reviendrait pas, et qui avait toujours pensé un jour, voler dans les cieux, dans n'importe quoi, mais décrocher un rêve lumineux dans le ciel. Elle hocha la tête doucement et se retenu. Pas question de craquer encore, elle était grande, ça devrait aller. Elle poussa un soupire doux pour reprendre ses esprits et laissa la place à son sourire de petite fille. Le genre qui peut même croire aux fées et aux lutins de minuit.

- Je te souhaite la même chose. Il faut sourire et rire, c'est ça qui leur permettent de briller jusqu'ici pour ne pas qu'on les perde de vue.

Son regard bleu s'était arrêté un court instant sur la plus petite des étoiles, la plus terne, mais la sienne, elle le savait bien. Et puis, elle détourna les yeux vers le garçon, elle eu un frisson. Maintenant, il est vrai qu'elle avait un peu froid. Et même son gilet n'était pas réellement suffisant. Alors elle croisa les bras et frottait doucement ses épaules, gardant son sourire au bout des lèvres. Plus aucune larme n'avait à sécher sur sa peau, même si les ancienne avaient salées ses joues encore un peu. Ann-Elizabeth, du coin de l’œil détaillait un peu plus le garçon qu'elle venait de rencontrer. Sans doute était-il nouveau ici. Même si, elle ne pensait pas à ça tout de suite quand elle le regardait. Elle se disait simplement, que son souffle devenait bizarrement court, ses joues rouges comme jamais, et que, son étoile, était certainement la plus belle.

La nuit devenait fraîche, presque froide en réalité. Et bien qu'elle sentait ses frissons, cela ne la dérangeait pas réellement à vrai dire. C'était sans doute bien stupide, mais c'était comme si quelque chose ici la réchauffait intérieurement. Sans qu'elle ne sache quoi. Elle avait finalement détourné les yeux du garçon. Qu'allait-il penser d'elle, qui le regardait depuis au moins cinq minutes avec ses grands yeux bleus de jeune fille rêveuse ? Un soupire désolé sortit de sa gorge, discrètement. Le temps de jeter un regard à son étoile, elle sentit et entendit un mouvement. Son regard se tourna vers le garçon, à nouveau, mais cette fois, elle avait une bonne raison. Il avait retiré sa veste, tout naturellement, et l'avait déposée sur ses épaules. Elle écarquilla un peu les yeux, étonnée de tant de gentillesse, et à nouveau se mit à rougir et rougir.

- J'espère que la nuit n'est pas trop fraîche pour toi! Je m'en voudrais si tu attrapais un rhume ici.

Ses yeux se posèrent à nouveau dans le ciel. Si elle le regardait, elle pâlirait, elle en était certaine. Et elle ne tenait pas à devenir encore plus rouge ou même plus blanche d'émotion. Alors elle ne le regardait pas, et elle espérait, qu'il ne pense pas que c'était par manque d’intérêt. Avait-il baissé les yeux, la regardait-il ? La jeune fille n'en savait strictement rien, mais son sourire restait là. Parfois heureux, parfois triste.

- Merci...Mais...

Elle s'était doucement tournée vers lui, ses mains délicates tenant le bas de la veste fermement, et les cheveux qui lui cachait la vue, maltraités par le vent, ce qui avait le don de l'agacer quelque peu. Des mèches s'en collait contre ses lèvres. Tant pis, elle avait mieux à penser de toute façon.

- La nuit est fraîche pour toi aussi non ? Je m'en voudrais également si tu tombes malade par ma faute, alors...

Ann-Elizabeth se mordit doucement la lèvre, embêtée, soucieuse. Elle ne voulait pas qu'il soit malade lui non plus. Mais si c'était le cas, elle ne put s'empêcher de penser, qu'elle aurait trouvé une excuse pour le revoir, et prendre de ses nouvelles. Le revoir ? Pourquoi pensait-elle ça ? Son cœur battait vite, et elle avait peur que d'ici, il puisse l'entendre.

Ne pas le regarder encore, surtout quand il sourit. Détourner les yeux. La jeune fille avait beau se répéter ces indications en boucle, elle n'arrivait pas à les tenir. Alors elle avait vu son sourire quand elle l'avait remercié et quand elle s'était inquiétée qu'il n'ai froid lui aussi. Elle sortit les mains des poches, elles étaient glacées pourtant. Alors d'un souffle chaud, elle réchauffa ses mains doucement, et les frotta ensembles. Elle poursuivait ainsi jusqu'à ce qu'elle aille un peu plus en chaleur, et cette fois, elle laissa ses mains le long de son corps. Mais le pire c'était sans doute pour ses petites oreilles fragiles. Congelées. Alors elle tentait de les recouvrir de ses cheveux longs, mais le vent les repoussait à chaque tentative. Elle abandonna . Elle s'abandonna eu froid, au final.

- Oh non, ne t'en fais pas! Ça va très bien, j'ai ce qu'il me faut, pas besoin de manteau.. J'ai pas peur du froid.

Et voilà. Elle avait craquée. Elle avait plongé ses yeux dans les siens. Elle avait tentée d'éviter ça, mais c'était fait maintenant. La jeune fille en avait écarquillée les yeux, et aussitôt détourné le regard, confuse. Détournant la tête, serrant doucement les mains contre elle. Elle se mordit la lèvre, gênée. Regarder dans les yeux, ça l’embarrassait toujours, depuis petite. Parce que tout le monde arrivait toujours à lire en elle. Et elle détestait être aussi compréhensible. Ce qui l'embêtait, c'est qu'elle ne voulait pas que le garçon aux cheveux bleus pense qu'elle s'était détournée pour une raison fausse ou négative envers lui. Pourtant, elle regarderait à nouveau ses yeux, et elle ne voulait pas. Ne pas lire en elle. Ne pas savoir qu'elle va bien, ou qu'elle va mal. Et surtout surtout, qu'il n'entende pas son rythme cardiaque aussi rapide que les pas d'un guépard.

- Oh...C'est...Avantageux ?

Ann-Elizabeth eu un petit rire doux. Elle ne s'était retournée en riant, cachant d'une main sa bouche, car son rire s'amplifiait un peu, sans raison particulière. C'était tellement stupide de rire pour ça non ? Peut-être était-ce à cause de tout, de cette nuit si étrange, de cette rencontre si soudaine et tellement belle. Aussi belle d'un ciel plein d'étoiles. Aussi belle que ce ciel-là. Et puis elle s'était calmée d'un coup, soupirant pour reprendre son état normal, lâchant un dernier gloussement discret, se mordant la lèvre pour ne pas recommencer, en souriant. Elle aurait peut-être du s'excuser, mais en même temps, de quoi ? Peur du froid ? C'est vrai, pourquoi aurait-il peur du froid ? On ne pouvait pas en avoir peur non ? C 'était juste, du froid.

Au final, elle s'étira un peu, ses membres engourdis par le froid. Elle écarquilla les yeux, grands ouverts sur la voie lactée et eu une réflexion intense et pourtant sans doute complétement stupide. Elle se tourna vers le garçon et répéta sa pense à voix haute, l'air tout étonné elle même de s'entendre dire quelque chose de tel.

- Et que se passerait-il si les ours polaires avaient peur du froid ?!

Un Ange passa. Et puis elle se remit à rire aux éclats, gênée, rouge, mais à rire quand même encore de sa question pour le moins étrange, mais pas dénuée de sens pour tout le monde. Elle se cacha le visage derrière sa main, mais on pouvait encore l'entendre, ses petits rire s'étouffant contre sa peau, et ses chuchotements féminins.

- C'est...stupide mon Dieu ! Le froid engourdit aussi mon cerveau !

Elle riait. Elle rougissait, et son cœur battait.

Arrête de rire idiote, arrête de rire idiote. Elle n'arrêtait pas de penser ça. Il devait sans doute la trouver stupide, ce qu'elle n'est pas, enfin parfois, enfin souvent. Elle se trouvait incroyablement idiote ce soir, et quelle idée de parler d'ours polaires pour relever une erreur grammaticale. Et puis, pourquoi l'avait-elle seulement relevée ? Peut-être allait-il prendre cela mal, ce qu'il ne fallait pas. Ce n'était pas son intention de le reprendre, c'est juste que, elle avait trouver ça amusant comme comparaison. Elle retenu un soupire désolé. Et se contenta de regarder, une seconde, ou même deux, le garçon aux cheveux bleus dont elle ne savait pas le nom. Elle avait repéré son sourire, face à sa remarque de faune de la banquise. Alors sans doute, que finalement, il ne l'avait pas mal pris. Cette idée l'avait rassurée. L'esprit, mais aussi le cœur.

- Si tu es fatiguée d'être debout, tu peux t'asseoir. Moi, je ne tiens plus sur mes jambes.

La jeune fille s'était retournée, pour lui faire face. Il s'était assis par terre, sous le ciel étoilé. Ce n'est pas qu'elle était fatiguée, seulement, elle ne se voyait pas rester toute seule debout, et si loin de lui surtout. Oui, c'était surtout ça en fin de compte. Ann-Elizabeth s’avança vers lui en profiter pour s'installer, les genoux ramenés contre son poitrine, assise à côté de lui. Elle fixait l'horizon et puis soudainement, retira un côté de la veste, pour se coller pudiquement contre lui et le couvrir à moitié de la veste. Maintenant, ils auraient tous les deux un peu plus chaud, même si il n'avait pas peur du froid, comme il le disait si bien.

- Moi c'est mon cœur qui ne tiens plus...

C'était une de ces paroles que l'on dit sans réfléchir avant. Et quand elle s'était entendue à voix haute, elle avait fait de grands yeux et virer encore une fois au rouge tomate sur tout le visage. Il fallait trouver quelque chose pour contrer tout ça, et vite. Alors, elle bafouilla, doucement, et sa voix de perdit dans l'air, comme le souffle du vent de la nuit.

- Oui parce que...Il fait froid, alors je, enfin...

Tant pis pour la mauvaise excuse au final. Elle souriait de sa bêtise, et haussa finalement les épaules, posant délicatement sa tête sur l'épaule du garçon aux cheveux bleus. Et puis les étoiles qui souriaient, les éclairait sans fin. Elle se demandait si ça ne gênait pas le jeune garçon, cette proximité. C'était peut-être impoli de sa parte, sans doute même, mais elle en avait eu envie, c'était comme ça, un de ces trucs d'adolescents qu'on ne contrôle pas.

Elle avait renoncée à se faire du mouron. Tant pis, si il la trouvait stupide, osée, agaçante ou autre chose encore, elle n'en savait rien. Mais si c'était le cas, personne n'aurait pu imaginer la peine qu'elle pouvait en ressentir. La jeune fille regardait partout, sauf vers lui. Pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi s'était-elle rapprochée de lui de cette manière ? Et si il la repoussait, brutalement ou même en se levant et partant loin de leur ciel, des étoiles, et pire, loin d'elle. Certainement qu'elle n'y tiendrait pas, elle pourrait même en pleurer, tant son cœur battait à tout rompre au fond de sa poitrine. Ne pars pas, ne pars pas, se disait-elle tout bas au fond de sa tête. La jeune fille voulait rester là avec lui, et attendre que la nuit passe, ou plutôt, qu'elle ne passe jamais.

Et puis subitement, elle sentit la main du garçon sur la sienne. Cela la fit rougir, la fit tournoyer, eh oui, de sens et d'émotions dans son pauvre cœur étourdi. Elle avait écarquillée les yeux, puis les avait fermés un instant. Cela devait être un rêve, et elle se réveillerait bientôt. Même si elle n'en avait aucune envie. Aucune, jamais. Elle les rouvrit, et elle sentait encore le contact de leurs peaux. Elle n'arrivait pas à se calmer, c'était plus un cœur qui battait, c'était un tambour. Et puis, elle ne bougeait plus, étonnée, mais agréablement à vrai dire. Elle aurait du dire quelque chose peut-être, ou peut-être pas. Elle était un peu crispée de gêne et de surprise. Mais heureusement, le garçon aux cheveux bleus brisa le silence qui s'était installé.


"- Ça va bien? Le sol est pas trop dur ici?"

Non, ça va.

Ann-Elizabeth eu un sourire, soit ça l'avait vraiment préoccupé soit c'était une parade. Mais dans tous les cas, elle trouvait ça vraiment mignon. Elle eu un soupire heureux, un peu transi sur les bords, mais elle n'en rendit même pas compte. Elle tourna la tête vers le garçon, son cœur continuait de déchirer sa poitrine de toutes ses forces. Arrivait-il à entendre ? Sans doute. Mais tant pis, qu'il écoute donc, elle s'en moquait maintenant. Simplement, elle approcha son visage du sien, collant presque leurs fronts. Elle avait presque honte de faire ça, mais c'était comme si elle en avait besoin, ce soir, mais qu'avec lui. Doucement, elle ferma les yeux, sa main plus serrée contre la sienne, et enlaça leurs doigts avec maladresse, troublée et embarrassée.

- Je...J'ai mal au cœur, il bat trop vite. Je dois être malade.

Malade ? N'importe quoi, ou alors malade de tendresse, malade de bonheur.

C'était quoi ça ? Pourquoi ça partait en nuit digne d'un film guimauve à l'eau de rose ? Le genre de film que la jeune fille regardait après une rupture ou bien quand elle avait besoin de rêver. Elle avait l'impression d'en jouer un, mais juste pour elle. Que personne ne pourrait jamais regarder, à part les étoiles qui les accompagnait depuis le début de cette nuit si particulière. De sa main libre, elle dégagea une mèche de cheveux de son visage, pour ne pas rater une miette du spectacle astral. Elle avait peur que le garçon ne prenne mal ce rapprochement si soudain. Même si en général, ils sont plutôt heureux quand quelque chose comme ça leur arrive. En général. Elle, n'avait pour l'instant pas eu tellement de chance avec la gente masculine. Elle soupira. Et pourtant, cette nuit là, elle ne pourrait jamais l'oublier. Elle resterait la plus belle jamais passée. Il lui aura fallut dix sept ans pour connaître un rêve éveillé. Et pas n'importe lequel. Le même que lui.

Finalement, il s'était même rapproché d'elle un peu plus. Cela la faisait rosir au bord des joues. Elle avait baissée les yeux vers le sol pour ne pas rougir encore une fois. Même si dans le fond, elle venait de rougir à nouveau sans le savoir. Et puis, à croire qu'elle ne savait faire que ça ce soir. C'est aussi que la situation s'y prêtait particulièrement. Elle se mordit la lèvre avec insistance, presque au sang. Presque seulement. Et puis elle avait cessée. Elle voulait parler, mais honnêtement, ne savait pas vraiment quoi dire, là, maintenant. Pourtant ce n'était pas compliqué de se laisser échapper de simples mots. En tout cas, en temps normal. Pour elle, ce qui se passait ici, c'était spécial, c'était différent tout ce qu'elle avait ressenti avant. Elle se sentait bête à penser ça, elle devait bien être la seule, et ça la rendait un peu chagrine. Ou plus.

-Finalement, tu auras peut-être attrapé froid. Il faut se couvrir.

Elle leva la tête vers lui pour répondre, mais quelque chose la coupa dans son élan. Il avait passé son bras à son épaule, les rapprochant alors. Elle hésitait du coup à répondre. Le geste l'avait bloqué. En fait, elle avait été prise sur le vif, et donc, était encore dans les nuages. Mais elle secoua un peu la tête, et se reprit rapidement. Pas le choix. Elle avait réagi, finalement, de la manière dont elle était avec tout le monde, un baiser sur la joue pour le remercier. De ses lèvres douces et froides par cette nuit. Mais étrangement, un souffle chaud qui s'était perdu contre la peau.

- Même si j'ai attrapé froid, je ne le regrette pas.

Elle avait murmuré, mais il avait pu entendre. Elle réprima un sourire ravi, et puis leva les yeux en direction des étoiles. Fallait-elles les remercier ? Sans doute. Alors merci.

Certains disent, que le plus douce et la plus belle des sensations au monde, c'est celle de la main d'un garçon dans la vôtre. Pourtant, avant, cela lui paraissait normal avant, avant ça. Alors pourquoi, son cœur battait-il tellement vite quand elle sentait leurs doigts encore enlacés ? Pourquoi sa tête tournait-elle et ses joues rougissaient ? La jeune fille pencha légèrement la tête, intriguée elle-même par ses interrogations existentielles. Tout ce dont elle était sûre, c'est qu'elle n'avait jamais encore vu un ciel aussi étoilé et scintillant que celui-ci. Qu'elle le voyait avec cet inconnu, qu'elle avait pourtant l'impression de connaître depuis longtemps. Elle ne pouvait pas l'expliquer, parce que tout simplement, ça ne s'explique pas. C'est précisément le genre de chose, qui se ressent, pas qui se comprends. Elle ne se détachait pas de lui, tout comme il ne se détachait pas d'elle.

-Je crois que je ne pourrais jamais regretter ce moment non plus.. Quoiqu'il puisse arriver.

Elle esquissa un sourire en entendant ces mots. Elle en était rassurée, même si cela aurait pu être faux, des paroles en l'air, juste pour suivre les siennes. Mais elle avait l'impression qu'il était sincère, et c'était sans doute pour ça, qu'elle ne cessait jamais de sourire. Depuis qu'ils s'étaient adressés la parole en cette nuit, depuis qu'il souriait, depuis qu'elle le connaissait. En un soupire transis, elle fit oui de la tête, comme pour confirmer encore une fois. Et elle ne voyait même plus les heures passées, elle ne regardait plus l'horloge, elle s'en fichait. Pourtant, il faudrait bien s'en aller, il faudrait bien se quitter, s'abandonner. Mais pour elle, ce n'était pas envisageable, sans doute. Et elle continuait de regarder aux cieux, sans jamais penser qu'il faudrait laisser ce lieu désert, et finir la nuit dans son lit, seule, à rêver encore, que ce moment puisse se reproduire un jour, une nuit, à l'infini.

Ses yeux fixèrent rien qu'un instant le garçon, et pourtant, elle avait pu voir son air triste. Ce ne fut qu'un court instant, lui semblait-elle, mais elle l'aperçu tout de même. Elle fit la moue, et détourna ses yeux qui se posèrent sur le sol froid. Sa main était un peu tremblante, elle se demandait, si finalement, il était content d'être ici, autant qu'elle. Ou bien se sentait-il mal, elle n'en savait rien du tout. Alors il prit une profonde respiration, et sans le regarder à nouveau, se mordant la lèvre inférieure doucement, articula à son intention :

- Est-ce que...ça ne va pas ? Tu as l'air peiné.

Et quand elle avait dit ça, elle avait eu, sans même s'en douter, le même petit air que lui. Ann-Elizabeth serrait moins sa main, sans même qu'elle ne sache vraiment pourquoi. Elle tourna la tête vers le côté opposé, levant les yeux. Le temps de se reprendre, et d'avoir une voix plus posée, et moins serrée. Elle n'arrivait, par contre, toujours pas à calmer son cœur. Alors elle le regarda finalement, et se demanda, si le moment n'était pas venu de quitter les lieux. Pourtant elle n'était pas fatiguée. Pourtant, elle n'en avait aucune envie. Et pourtant, quelque part, elle avait l'impression que c'était nécessaire, et puis, peut-être que le garçon était en fait juste très fatigué. Mais non, quand on est fatigués, on a pas l'air aussi triste. Elle détourna le regard. Et attendait sagement de connaître la raison de cet air miné. Ou bien, ne le sera-t-elle pas, finalement.