Je n'en finissais pas de regarder ma montre. Je voyais défiler toutes les minutes une par une, avec la vague impression que l'heure me narguait en avançant le plus lentement possible, comme si un lutin caché dans le mécanisme remettait les aiguilles en arrière. Le prof de maths, qui maîtrisait aussi la télékinésie et dont la craie écrivait mentalement au tableau, lévitant seul devant l'écran noir, nous torturait l'esprit avec des équations du second degré, suivies de plusieurs inéquation et autres tableaux de signes et choses incompréhensibles. Il parlait un peu dans le vide, car aucun des élèves ne l'écoutaient franchement, j'avais moi-même décroché au bout de vingt minutes. Je lisais chaque réponse à la question dans sa tête tellement le professeur la pensait fort. J'en avais marre de lever la main pour répéter ce qu'il pensait. Donc, j'avais maintenant décidé de me terre et de buller devant ma trousse ouverte durant ce qu'il restait de l'heure de calvaire. Nous n'étions même pas censé avoir des matières "humaines", mais soit disant que nous devions continuer à avoir de bonnes bases. Mais je ne pensais pas que savoir résoudre les énigmes qu'étaient ces horribles équations nous seraient très utiles aux entraînements d'escrimes. Je me passais de faire des commentaires là dessus cependant, le prof avait l'air d'y tenir, à sa matière répugnante. Je jouais donc avec mon stylo plume, gribouillais des graffitis sur ma feuille et pensais tout de même de temps en temps à annoter quelques phrases du cours, juste pour dire de remplir ma copie si une interrogation écrite pointait le bout de son nez. L'homme me regardait de temps en temps d'un oeil sévère, voyant que je ne faisais même pas semblant de m'intéresser à ce qu'il disait. Il aurait pu s'acharner sur les autres élèves, mais tous bavaient littéralement sur leur table, ou chuchotaient. J'étais la seule placée devant, dans le no man's land, coincée entre le chauffage électrique qui gargouillait - le prof avait tenu à ce que même la salle soit équipée comme les lycées typiques - et la place vide à côté de moi. Mon sac éventré, crachait mes pochettes de feuilles sur le linoléum bleu. Ma trousse, elle aussi béante, toussait mes quelques stylos billes sans bouchons et mes boulettes de papier découpé. Ce fut au moment où je m'étais résolue à jouer avec les cordons de mon sweat noir, que l'homme des maths me tendit une craie blanche en m'ordonnant d'aller écrire la résolution au tableau. je levai les yeux vers lui, d'une mine implorante, mais il se racler la gorge avant de me faire sévèrement:
- Mademoiselle Huruma, sans discuter s'il vous plait.
Je me retins de soupirer en lui attrapant le bâtonnet poussiéreux et me levai de ma chaise pour m'avancer vers le rectangle vert sombre accroché au mur bleu. Le contraste entre les deux couleurs était vraiment de mauvais goût, mais là encore, je devais m'obliger à ne pas m'étaler devant les adultes de Fairy, sur cette question préoccupante et récurant du "Mais pourquoi bleu franchement ?!". Les réponses à l'équation s'affichait dans ma tête, mes pouvoirs allant les piocher dans les pensées agitées du professeur, quand un cri retentit dans la salle. Je savais cette matière horripilante, mais de là à en pousser des cris, il ne fallait pas exagérer ! Je me retournai, et ce que je vis me stupéfia.

Kalen était occupé mais vraiment occupé... Il était rentré dans la salle de classe discrètement de sorte à ce que le prof ne fasse pas attention à lui, de toute façon les profs ne font jamais attention à lui... Ce qui est très pratique! Surtout lors des interros... En arrivant dans la classe, il avait pris la place au fond de la salle et avait remarqué que Yuki était tout devant, normalement ils ne devraient pas être dans les même cours à cause de leurs différences d'âge mais Kalen s'était retrouvé ici car son professeur habituel n'était pas là pour il-ne-sait-quoi et les membres de sa classe s'était retrouvé dispersé dans toutes les autres classes... Mais... Bien sûr, il s'était retrouvé en cour de maths... Ce qu'il détestait le plus... Rah.... La chance n'était pas avec lui aujourd'hui. Il déposa ses lunettes qu'il portait en dehors du sport et des entraînements car elles permettaient de contrôler son pouvoir ambigus provenant de ses yeux. Il se frotta ses yeux qui se lassaient de plus en plus du tableau de maths et commençaient à en avoir marre des jacassements incessant que créaient deux filles juste devant lui. L'une d'elle se retourna et copia une phrase du tableau lorsque je fis tomber ma règle, surprise la commère n°2 se retourna et me fixa et là... En remontant ma règle je croisa son regard et... Mes yeux firent effets... Elle se transforma en statue de pierre... Sa copine qui se retourna pour continuer la discussion manqua de s'évanouir lorsqu'elle vie le bloc de granit et poussa un cris (surhumain selon mon avis tellement il était aigus), tous les élèves me regardèrent comprenant que je devais l'auteur de l'acte... Surpris et dérouté je tenta de reprendre mes braves lunettes mais manque de chance, elles tombèrent et l'un de mes voisins affolés les écrasèrent dans la paniques...

Euh, sil vous plait! Arretez de me regarder! Sinon le prochain qui me fixe se transforme aussi! Je venais de crier cette phrase au tableau, et le professeur de mathématiques poussa un long soupir... Quel prof dans cet établissement ne connaissait pas mon pouvoir? Je pouvais faire n'importe quoi lorsqu'il s'agissait d'un regard, mais pour le faire revenir à la normale... Lorsqu'il s'agissait d'un être humain j'étais bien incapable de faire remonter le cour du temps pour que tout ceci revienne à leurs places...