Au bout d'un certains long moment à me balader dans l'academy, à la recherche de quelque chose d’intéressant à faire, je finis par débarquer dans les serres intérieures. Une sorte de petit jardin où des tas de plantes différentes poussaient un peu partout. Je me promenai entre les arbustes, chipant une pomme verte au passage, la croquant goulûment avant d'aller m'effondrer sur un banc, fatiguée. Je contemplai le rosier rouge près de moi dont les fleurs dégageaient un parfum doux et enivrant. Les épines des branches pointes et rugueuses, défendaient quiconque de cueillir une précieuse rose. Leur couleur éclatante rappelait le sang, la chair d'une cerise bien mure et une passion folle. Je caressais un pétale en arrachant encore un morceau de mon fruit. Il n'y avait personne ici et c'était tant mieux. J'en avais plus qu'assez de contrôler mon esprit et de me fatiguer à repousser les migraines. Je laissai échapper un soupir et tirai sur mon pull noir. Je regardai ma mini-jupe écossaise, l'air étonnée d'être fringuée de cette manière. Qu'est-ce qu'il m'était passé par la tête ce matin ? Aucune idée... Je rabattais mes jambes aux collants noirs pour ajuster mes guêtres de la même couleur que les roses sur mes ballerines. Puis m'observai dans une des grandes baies vitrées me renvoyant mon reflet. Cette tenue ne m'allait pas trop mal mais me donner un certain air de petite élève studieuse. Je me mis à rire toute seule et croquai dans ma pomme, le jus acide faisant frétiller mes papilles. Soudain, un bruissement de feuilles me tira de mes pensées. Quelqu'un s'approchait...

- Aïe... Qu'est-ce que tu es maladroite Cielle ! Excusez-moi, je me suis faite toute petite, je ne voulais vous déranger ! fit une jeune fille à la chevelure claire en apparaissant derrière le rosier.
Je lui tendis un sourire amical et dardai sur elle un regard empli de gentillesse.
- Ce n'est rien...Cielle, c'est cela ? Je ne me souviens plus très bien avec tous les élèves que j'ai pu croisé depuis mon arrivée !
Il était vrai que j'avais déjà fait connaissance avec pas mal de monde et je m’efforçai de retenir chaque prénom. L'essentiel étant que Cielle n'avait pas l'air d'une menace, elle était petite avec de jolis cheveux clairs. Son visage dévoilait un air enfantin très mignon et deux yeux bleus. Elle avait une petite voix particulière et sa façon de me vouvoyer m'avait fait tout drôle. Je passai sur les détails en croquant dans ma pomme, passant ma langue sur mes lèvres pour y enlever le jus acide qui me picotait la peau. Je l'invitai à venir s'asseoir sur le banc. J'avais peut-être encore une occasion de me faire une amie...

Automatiquement, j'avais fait obstacle à l'esprit de Cielle et me contrôlais pour ne pas divaguer dans sa tête. Elle vint se poster près de moi avec élégance. Elle me fit un grand sourire.
- Oh, ce n'est pas grave, mon prénom est bien Cielle ! Dites-moi, elle est magnifique votre bague.
Je lui rendis son sourire en avalant le morceau de pomme. J'observai ma main, la bague orné du magnifique saphir que Dimitri m'avait offert, trônant autour de mon annulaire gauche, comme une alliance. Je me perdis un moment dans la contemplation du bijou en mâchant frénétiquement. Je me rappelai de Dimitri et de son regard bleu azur posé sur moi et la tendresse de ses baisers. J'étais amoureuse et cela avait le don de me rendre un peu mélancolique. Revenant brusquement sur Terre, je remontai mes lunettes sur mon nez de ma main droite. Tournai un moment ma pomme dans mon autre main pour choisir le meilleur endroit pour y plonger mes dents.
- N'est-ce pas ? C'est un cadeau de Dimitri.
Un sourire se dessina sur mes lèvres, un vrai sourire joyeux, plein de fossettes. Je me tournai vers elle:
- Je me suis éprise de lui pendant le bal... Vous étiez peut-être déjà au courant ?

- Oui, je suis au courant. Je vous ai vu au bal ! Vous formez un magnifique couple et je suis heureuse que ce soit à vous que Dimitri a offert cette bague.
Je rougis un peu en finissant ma pomme, essayant de cacher ma gêne. J'aurais voulu répondre bien sur, mais je ne savais pas quoi, donc comme toute timide qui se respecte, je me la bouclai bien gentiment. Je fixai le trognon du fruit que je venais de terminer et dont l'acidité parcourait encore ma gorge. Je souris à Cielle sans savoir quoi faire d'autre. Au bout d'un moment de silence lourd je décidai d'intervenir.
- Vous faites du jardinage ?