C'était une journée claire. Les fleurs fleurissaient, le soleil soleillait, les oiseaux chantaient, et tout le tralala. On se sentait bien dehors, c'est pourquoi Aiko était sortie de la chambre où elle s'était enfermée pour bosser, et était sortie voir comment ça se passait à l'extérieur. Elle s'était arrêtée sous l'auvent. Elle avait toujours beaucoup aimé cet endroit; sans doute parce peu de gens s'y trouvaient, voire même personne. Dépeuplé, abrité, assez sombre. Rien de mieux pour éviter les gaffes humiliantes qu'elle avait l'habitude de mettre au monde à n'importe quel moment.
Toutefois, la chaleur écrasante de milieu d'après-midi et l'humidité de l'air laissaient présager une averse. Un orage, peut-être ? C'était toujours comme ça, à cette période de l'année. Il faisait beau, et bam ! Deux secondes après, c'était l'apocalypse.
La rouquine s'était assise dans un coin, directement sur le sol, puis avait fermé les yeux, attendant que le ciel craque. Elle n'aurait sans doute pas à patienter longtemps; déjà le bleu du ciel blêmissait à en devenir gris, et d'épais nuages apparaissaient à l'horizon. Le vent s'était mis à souffler, et aux oreilles de la jeune fille parvenaient les cris amusés des élèves qui rentraient en courant dans le bâtiment. Dans trois secondes, il n'y aurait plus âme qui vive dehors.
Elle laissa son sourire enfantin envahir son visage. La pluie avait commencé à tomber, et son odeur se propageait. Aiko se releva, et marcha jusqu'à se trouver sous les gouttes. Elle avait presque envie d'ôter son chapeau. Mais c'était hors de question, imaginez seulement que quelqu'un arrive... Elle tendis les mains, et observa l'eau couler entre ses doigts fins.


Renonçant à cette idée, elle se mit à faire les mille pas. En vérité, si elle aimait tellement la pluie, c'était à cause de Grey. Quand ils étaient petits, ils courraient, attrapaient toutes sortes de bêtes, sautaient dans les flaques. Comme tous les enfants. Mais sous la pluie, Grey avait su faire parler Malicia, leur petite muette. Oh, bien sur, elle n'avait pas prononcé un mot. Mais la première fois qu'ils s'étaient retrouvés, tous les trois, trempés jusqu'aux os, elle s'était mise à rire.
Un son merveilleux. Comme si un ange s'était amusé à faire tinter des milliers de petites clochettes. A ce souvenir, la rouquine senti son coeur se serrer. Cette mélancolie ne lui ressemblait pas, mais alors pas du tout. C'est pourquoi, quand elle entendit un bruit derrière elle, sa véritable nature revint au galop...
Elle fit un bond de deux mètres, pris la pose d'un ninja surpris en train de roupiller entre deux joncs, et, titubant telle la cigogne unijambiste, finit assise dans une flaque bouseuse non lointaine.