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 Ma dernière nuit (6 premiers chapitre)

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Yuki Huruma


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Yuki Huruma

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MessageSujet: Ma dernière nuit (6 premiers chapitre)   Ma dernière nuit (6 premiers chapitre) Icon_minitimeVen 2 Sep - 13:00

Bon, je dis chapitre mais c'est pas encore vraiment ça... J'aimerais avoir vos avis dessus même négatif... C'est un de mes seuls textes pas franchement fantastique, mais je ne dis rien parce que j'ai des idées pour la fin où tout devient irréel justement. Bref, bonne lecture !

NB: Ne faites pas attention aux fautes d'orthographe, j'essaye de les corriger mais elles peuvent être bien cachées, donc je les découvre au fur et à mesure !

______________________________________________________________________________________

Chapitre 1

Je m'évade



Je n'avais jamais pensé cela, qu'un jour cette chose arriverait, à moi... Et pourtant j'avais des raisons d'y croire, car quand un cancer de la rate vous ronge depuis plusieurs années, que vous avez vu vos parents se dessécher de leurs larmes et entendu les médecins vous annoncez qu'il vous reste trois ans de « survie » à tout cassé, on abandonne très vite, on se dit que la mort est proche et qu'il n'y a plus de solutions.
Il faudrait alors que je revois la réalité... Tout a commencé un dimanche matin, je me suis tordue complètement sous une grande douleur au ventre; ce jour-là c'était la première fois, il y a deux ans. Et après ma vie s'est résumé à se plier en deux dans mon lit d'hôpital, dans cette chambre infâme bleue et blanche qui pue les fleurs et les médicaments... Je passais le temps à regarder la télé, ma mère m'avait apporté mon ordinateur portable, et j'usais mes journées à jouer à Pacman en me disant que le petit bonhomme jaune était ma maladie et chaque monstre, un de mes organes vitaux. Je n'étais même pas triste, pas heureuse non plus, mais contre toute attente j'avais abandonné bien vite et ainsi je n'avais même pas peur de partir de ce monde. Quelques amis étaient passés, tous tiraient des têtes d'enterrement comme si j'étais déjà morte, et je m'en étais persuadée: jamais plus je ne les verrais comme avant.
Personne n'osait rire près de moi, les infirmières se faisaient douces et gentilles, sans oublier que je n'avais vécu que seize années, sans avoir vu les couleurs de la vie. Mais de toutes façons je ne pouvais pas quitter ma chambre, je ne pouvais pas quitter le couloir, je ne pouvais pas quitter les lieux, le monde extérieur m'étais caché, je ne pouvais rien faire. Pourquoi ? Eh bien, ma rate ayant contaminé le reste de mon corps, ce qu'on appelle la propagation du cancer, on ne pouvait toucher à rien. Je n'avais pas le droit de partir car, même si on avait prédit que je ne mourrais pas tout de suite, je pouvais faire une crise à tout moment ou encore attraper des maladies supplémentaires au dehors. J'étais consignée à rester enfermée dans cet endroit jusqu'à ce qu'un lourd sommeil m'emporte définitivement...
Ce soir-là, je ne me sentais pas bien, je le sentais à l'intérieur de moi, c'était bientôt mon heure. Je sortis une feuille du tiroir de la table de chevet, tout en essayant de ne pas la froisser, j'y écris cinq phrases, une pour ma mère, une pour mon père, une pour mon frère, une pour le restant de ma famille et de mes amis, ainsi qu'une pour les médecins qui m'avaient aidé dans la lutte contre le cancer. Cinq phrases qui résumaient de brefs adieux, remerciements et mots d'amour ou d'amitié. Rien de bien poétique juste de quoi les réconforter quant à mon état d'esprit au douloureux moment. Un petit tissu de mensonges que je déposai au pied de mon lit. Je soupirai longuement, je ne pouvais pas mourir comme cela, ici.
C'est alors que cette idée étrange me traversa l'esprit et j'y crus soudain, à mon rêve de mourir dignement. Je me levai aussitôt et frissonnai doucement dans le noir. Je décrochai les patchs collés sur ma peau après avoir coupé mes graphiques sur le moniteur, les petits traits colorés s'éteignirent brusquement, et j'esquissai un sourire. Je me défis de tous ces fils et sans faire de bruit me rendis dans la salle de bain. Je passai des vêtements; que c'étaient bon de retrouver le confortable jean et le t-shirt, qui me changeaient beaucoup de mon affreux pyjama vert pomme. Je cherchai encore dans le sac en priant pour y trouver une paire de chaussures.
J'enfilai les ballerines et attrapai un gilet que je fis glisser sur mes épaules. Comprenant que personne ne me remarquerait, j'allumai la lumière et m'observai dans le miroir. Mes cheveux blonds étaient plutôt mal coiffés et mes yeux éteints n'avaient plus aucune expression. En soupirant je me remis à fouiller dans le sac, ce vieux cabas que ma mère avait apporté il y a un an, le jour de mon entrée à l'hôpital. Elle ne l'avait pas repris, on l'avait oublié dans un coin de la salle de bain sans plus y prêter attention. Je n'avais jamais eu l'occasion de regarder ce que ma mère avait pu y glisser, je l'avais toujours remarqué sans pouvoir y toucher.
Je trouvai alors une trousse noire marqué de « fun, fashion ou tendance trash » en blanc, une boîte à maquillage signée Ben que j'avais eue en sixième à ma meilleure amie. Je l'ouvris et sourit en retrouvant tous mes vieux crayons et mes mascaras. Je plaçai le tout devant le miroir, sur le bord du lavabo et commençai à me faire une tête à proprement dit: présentable. Je m'appliquai à tracer un beau trait marron clair sur le dessus de ma paupière et en dessous aussi. J'étais heureuse de voir que cette couleur allait toujours bien avec mes yeux noisette, légèrement teintés de vert. Je fis coulisser la brosse du mascara le long de mes cils, avant d'épiler soigneusement les deux sourcils. Je me colorai d'un peu de fond de teint qui redonna à ma peau un semblant de vie. Je pris la brosse et démêlai mes cheveux, pour les rassembler dans un chignon détraqué mais assez joli.

Une fois que je fus vraiment presque séduisante, comme avant, je me félicitai intérieurement de me trouvai enfin belle, pour une fois dans ma courte vie. Dans le grand sac violet, je fus heureuse de tomber sur un portefeuille muni de plusieurs liasses de billets, un court calcul, et je me rendis compte que j'avais dans les mains, quelques trois milles dollars. Toute joyeuse je fermai la lumière en empochant l'argent. Le plus dur était à venir, il fallait que je sorte d'ici, plus facile à dire qu'à faire. J'ouvris la porte en grand et me précipitai dans le couloir en courant. J'actionnai l'ascenseur en me jurant de ne plus jamais faire de telles conneries (ce que je n'aurais certainement pas le temps de prouver). Les portes s'ouvrirent et personne ne s'y trouvait, je m'enfonçai à l'intérieur et appuyai sur le bouton affichant un zéro lumineux. Les portes se refermèrent; je soufflai de soulagement.
Soudain, à un centième de seconde près, une main passa dans l'ouverture, et arrêta les deux plaques fermement. Celles-ci se rouvrirent docilement sur un garçon. Un beau garçon à la peau caramel et aux cheveux d'un brun sombre se tenait devant moi. Il me sourit timidement et se plaça à mes côtés.












Chapitre 2

Rencontre en ascenseur



- Euh... Quel étage ? bredouillai-je en fixant les boutons de destinations.
- Le rez-de-chaussée, merci, me répondit-il presque plus embarrassé que moi.
Les portes se refermèrent. Dans un vrombissement mécanique, l'ascenseur se mit en marche et commença sa descente. Je cherchai à détourner mon regard du garçon à mes côtés, mais curieuse de savoir à quoi il ressemblait de plus près, je le dévisageai discrètement, enfin, du moins en croyant être discrète, car il braqua ses prunelles sur moi, et je fis volte-face en rougissant.
Je baissai la tête et observai mes pieds, en pensant que je ne serais pas tenté à contempler la personne de gauche. Je sentis pourtant que lui, ne se gênait pas de me toiser. Timide, je continuais de scruter le sol.
Il soupira bruyamment; pour descendre les douze étages, il fallait environ deux minutes, mais, j'espérai ne pas rencontrer de nouveaux voyageurs avant l'arrivée. Comme pour répondre à mes pensées, l'ascenseur émit un grincement et stoppa au cinquième étage. Ça y est, j'étais morte.
Non: les portes s'ouvrirent sur un tas de fils et de câbles entrelacés sur un mur d'acier. Je commençai à paniquer en m'approchant et en émettant de petites suffocations de peur.
- Saloperie ! grogna mon voisin en s'approchant des boutons. Ne t'inquiète pas, il m'a fait le même tour tout à l'heure... m'expliqua-t-il en se voulant rassurant.
Il appuya sur le bouton rouge avec une petite cloche, un petit signal d'alarme, il y eut un petit bruit de radio, et une voix résonna dans l'ascenseur.
- Oui, vous avez un problème ? demanda une voix d'homme.
- Eh bien, c'est encore moi, le gamin de tout à l'heure, fit le garçon en souriant. C'est le même problème qu'il y a deux heures, les portes sont ouvertes au cinquième, sur les fils...
- Oh, c'est pas vrai ! s'indigna l'homme de la radio. Bon je vais remettre en route le système, j'en ai pour cinq minutes. Vous êtes tout seul ? demanda-t-il.
Le garçon me regarda et répondit en me fixant:
- Non ! Nous sommes deux, il y a une demoiselle avec moi ! fit-il en souriant.
- Mille excuses les enfants, ne paniquaient pas, cinq minutes ! Je me dépêche ! s'excusa la voix avant de couper la communication.
J'esquissai un vague sourire et poussai un long soupir de soulagement. Je n'avais jamais autant paniqué, même pour l'annonce de mon cancer. Je n'avais pas le droit d'être ici, et si les médecins m'avaient trouvé là, j'aurais du tout leur expliquer.
Je me laissai glisser contre la paroi de l'ascenseur, m'assis à terre en ramenant mes genoux contre ma poitrine.
- Tu n'es pas claustrophobe ou un truc du genre au moins ? demanda le beau brun en s'installant en face de moi.
- Non, j'ai juste...paniqué. C'est la première fois que ça m'arrive ce genre de truc !
Il acquiesça et sortit son portable. Il se mit à trifouiller à son mobile et je pus enfin l'observer tranquillement.
Il était magnifique, sa peau était légèrement halée, une couleur caramel fine et très jolie. Ses cheveux étaient un peu en bataille, méchés de noir profond et de brun chocolat. Il possédait de grands yeux jaunes; ses iris étaient formés par plusieurs cercles: autour de la pupille, une teinte noisette foncé faisait paraître ses yeux comme dilatés; un deuxième rond était de la même couleur que le soleil, or, ce qui faisait que ses prunelles brillaient de mille feux; le dernier était jaune citron, presque surnaturel comme couleur d'yeux. Ce regard était sauvage, lupin et magique.
Il avait tout d'un beau gosse de classe; grand, plutôt baraqué sans que cela soit de trop. Il portait même des vêtements de marques assez couteuses: un beau jean noir et une chemise blanche.
Je le regardai avec intérêt taper sur les petites touches de son portable. Je remarquai qu'il avait les yeux un peu rouges, comme s'il avait pleuré, mais je ne lui posais pas la question bien qu'elle me brule les lèvres.
Il rangea son portable et m'observa à son tour. Je baissai les yeux et enfouit mon visage dans mes bras. Il ne s'arrêta pas pour autant, et je sentis son regard posé sur moi pendant un moment, avant que sa question ne fuse:
- Tu es venue faire quoi ici, toi ?
Je réfléchis à une réponse crédible, je ne pouvais pas lui dire la vérité. Je ne voulais pas lui pondre le coup de la grand-mère malade, je ne voulais pas de compassion. Pour avoir un peu de temps de réflexion, je lui retournai la question en souriant.
- Je suis venu voir ma mère, répondit-il en soupirant. Elle est à l'hôpital depuis une semaine, elle a fait une crise cardiaque et les médecins cherchent sa cause...
Gênée par cette réponse, je ne répondis pas, me contentant de le regarder avec compassion. Je n'avais pas envie de lui dire que j'étais désolée, je l'avais trop entendu et je savais très bien qu'il ne voulait pas non plus que je le lui dise, dans des moments comme celui-là, on préfère oublier et faire comme si tout allait bien.
- Moi je sors...déclarai-je, vu que ce n'était ni la vérité, ni un mensonge. Enfin, je suis sortie hier mais j'avais oublié quelques affaires, fis-je en désignant le sac à côtés de moi.
- Ah... Tu vas faire la fête alors, non ? dit-il en souriant.
J'appréciais énormément le fait qu'il ne me demande pas de quelle maladie j'avais été soignée, c'était bien la première personne à ne pas s'en soucier.
- Oui, j'ai envie de passer une nuit de folie comme on dit, de rattraper le temps perdu ! m'exclamai-je.
- Tu es restée longtemps ici ? demanda-t-il prudemment. T'es pas obligé de répondre...
- Un an, fis-je en souriant bêtement, comme si j'étais heureuse de le dire.
Il haussa ses sourcils noirs, étonné. Son portable sonna, mais il ne décrocha pas.
- Moi c'est Camille ! s'exclama-t-il en me tendant sa main.
Comme une bécasse, je tapai dans sa main en m'écriant:
- Et moi je m'appelles Célia ! répondis-je en souriant comme une folle, contente de parler avec un aussi beau garçon.
Il observa sa main quelques secondes, un peu étonné de ma réaction, et me rendit mon sourire. Il regarda sa montre.
- Plus qu'une minute avant le redémarrage de l'ascenseur... T'as quel âge ?
- J'ai seize ans, bientôt dix-sept, dis-je fièrement, alors que je ne les fêterais jamais.
- Dix-huit, bientôt dix-neuf, fit-il en tirant la langue.
Je me mis à rire. Il était drôlement sympathique, je le connaissais depuis à peine cinq minutes, et je me sentais bien comme depuis longtemps. Il ne savait pas que j'allais mourir, il était normal avec moi, et c'est ce qui me faisait du bien, de vivre encore un peu normalement auprès de lui.
- Tu fais quelque chose ce soir ? demanda-t-il soudain en se relevant.
- Euh...ben oui, je suis à la recherche de sensation forte ! déclarai-je en faisant de même.
Je m'époussetai vivement et attrapai mon sac.
- Dans ce cas, je peux t'accompagner ? Ça me changerait un peu les idées, et tu m'as l'air sympa comme fille...
- Oh, oui bien sûr ! Je serais ravie de t'avoir comme guide, car depuis un an je suis un peu perdue...
Comment décrire ce que je ressentis à ce moment-là ? J'étais si heureuse qu'un tel mec puisse venir avec moi dans mon escapade, tellement joyeuse de passer la nuit avec lui, le garçon de l'ascenseur !
- J'aime bien comment tu parles, fit-il en souriant, on te dirait tout droit sortie d'un livre !
J'étouffai un petit rire; ça je ne le savais pas. Le langage avait-il changé depuis un an ?
Nous fûmes tout à coup secoués: l'ascenseur se remettait en marche. Il descendit doucement avec deux ou trois accoues et je trépignais d'impatience de commencer la soirée que j'allais passer avec Camille. Quel beau prénom ! Je ne l'avais jamais entendu pour un garçon et je trouvais ça très bien trouvé. Les portes se rouvrirent au rez-de-chaussée et nous sortîmes de l'ascenseur, je suivis mon nouvel ami dehors en essayant de ne pas ma faire remarquer par les infirmières qui parcouraient le hall d'entrée.











Chapitre 3

Destination ailleurs



Je passai les vitres coulissantes et la tiédeur du soir me caressa le visage. J'avais presque oublié cette sensation de chaud/froid que procurait une soirée d'été. Il devait être huit heures et l'air était toujours mêlé de brises chaudes du restant de la journée. Le soleil brillait encore, tout à l'ouest, il commençait tout juste à décliner vers l'horizon. Ses rayons me ravivèrent peu à peu, il m'avait beaucoup manqué.
Le ciel était d'un bleu éclatant, avec quelques petits nuages blancs, un beau ciel d'été, comme j'en avais souvent rêvé. Le parking s'étalait devant moi, à moitié plein. Il y avait des arbres emplis de feuilles vertes qui bougeaient un peu poussés par le faible vent. Des gens démarraient leurs voitures ou en sortaient. La vie commune telle qu'elle était maintenant, je l'avais espéré depuis un an, et elle m'emplit de joie...
Camille m'entraîna vers un scooter bleu garé près de la sortie.
- Euh... On va faire la route là-dessus ?! m'exclamai-je en désignant le véhicule du doigt.
- Ben oui, t'es venue comment toi ? fit-il en haussant les épaules.
- En bus, mentis-je platement.
- Wahou génial comme nouvelle sensation ! déclara-t-il en riant. T'as déjà fait du scooter ou pas ?
- Je ne suis jamais montée et encore moins conduis !
C'est vrai que mes parents n'en avait jamais eu, ni dans ma famille, et à quinze ans on ne monte pas sur celle des copains...
- Eh bien c'est l'occasion, toi qui voulais t'éclater ! fit-il en me tendant un casque.
J'attrapai ce dernier avant de le fixer sur ma tête en souriant. Je faisais cette tête car je venais de réaliser que j'allais monter sur un scooter, mais pas seulement, celui de Camille, j'allais être derrière lui et me cramponner à sa taille. A mon âge, combien de filles n'auraient pas été charmées de tenter l'expérience ?!
Une fois donc équipée, je m'approchai de lui prêt à enfourcher l'engin quand il me posa cette drôle de question:
- Moi je veux bien mais...on va où ? fit-il en bouclant son casque, lui aussi.
J'avais dit que c'était une drôle de question, mais en fait, non, il ne pouvait pas savoir ce que je mijotais dans mon cerveau de jeune demoiselle.
- On va en ville, j'ai du shopping à faire ! répondis-je, toute excitée.
- Tu te fou de moi ?! éclata Camille avec un air répugné sur le visage.
Je haussai les épaules. A vrai dire, je n'avais aucune idée de ce que j'allais fabriquer avec lui ce soir et cette nuit, mais j'avais vraiment envie de faire ce dont toutes les filles de mon âge raffolait, et à quoi je m'étais adonnée pendant longtemps avant de ne plus pouvoir: faire les boutiques.
- Bah, que veux-tu faire de moi ce soir ? demandai-je innocemment.
- Je ne sais pas ! Tu aimes danser ? proposa-t-il soudain.
- Oui, j'adore ! (dans un énorme sourire)
Il réfléchit quelques instants en jouant avec sa visière. Je me mis à imaginer la vision de rêve qu'était le fait de l'avoir comme cavalier. Je ne le connaissais que depuis dix minutes, mais Camille m'attirait comme un aimant, il était tellement beau et si décontracté. J'avais l'impression de le connaître depuis longtemps à force de l'entendre me parler comme à une amie de longue date.
- Dans ce cas, on va d'abord aller à la réception de mon père qui est prof de danse de salon. Je dois y aller, j'y suis obligé, au moins jusque vingt-deux heures. Mon père qui désespérait que je me trouve une cavalière, va être ravi de faire ta connaissance ! débita-t-il comme si c'était tout à fait normal.
- Je ne sais pas danser ce genre de chose Camille ! Protestai-je en levant les yeux aux ciels.
- Pas grave ! Je t'apprendrai là-bas, c'est pas très compliqué, tu vas voir...lança-t-il avant de se remettre à réfléchir.
Il savait faire ça ! Lui ?! En même temps, je n'avais pas beaucoup cherché, mais, si son père était professeur, c'était un peu normal qu'il sache, et qu'il trouve ça simple qui plus est.
- Et ensuite, on ira se détendre en boite si tu veux, j'ai un pote videur qui nous laissera entrer, me dit-il simplement.
- Ben, oui, écoute, j'aime bien danser, et je ne suis jamais encore aller dans ces deux genres d'endroits alors...
Il me dévisagea pendant dix secondes avant de hausser les épaules et de monter sur son véhicule. Je fis de même.
- Alors il me faut deux robes: une pour le club et une pour la boite ! m'exclamai-je.
- Oui, oui ! Accroche-toi ! brailla-t-il à travers le son du moteur.
Je ne me fis pas prier, je passai mes mains autour de sa taille, et les accrochai une à une. Il démarra doucement et accéléra en sortant du parking. Je m'attendais à ce que cela secoue un peu plus, mais à vrai dire nous n'étions pas sur une moto, un scooter c'est beaucoup moins remuant.
Voyant que je ne réagissais pas vraiment, il joua avec le moteur et fonça comme un fou, je me mis à rire. Non, je ne hurlais pas, mais riais à ne plus savoir comment s'arrêter. Il ralentit, passa le rond-point en insistant sur les virages, le sol se rapprochant dangereusement. Nous passâmes les panneaux indiquant le centre-ville.
Silver Bay n'est pas une très grande ville, tout y est concentré. L'idéal aurait été Duluth à une heure de là... Mais j'y pensais soudain: j'étais à Duluth ! J'habitais à Silver Bay, mais mes parents avait préféré que j'aille dans un hôpital plus réputé, et c'était donc ici, en plein milieu urbain, que je m'étais retrouvée. Génial ! Le centre-ville regorgeait certainement de somptueux magasins, où je me voyais déjà dépensé ma petite fortune.
Camille devait avoir l'habitude de circuler ici, il arpentait les routes sans hésiter, l'air de connaître la ville par cœur. Après une bonne vingtaine de minute à me cramponner à lui, nous arrivâmes dans la tornade qu'était les grandes villes: les centaines de voitures fumantes de gaz klaxonnaient à tout rompre, la foule sur les trottoirs avançaient à grands pas pressés, avec les bras chargés de sacs et un portable vissé à leur oreille, slalomant entre les passants et les mendiants.
Mon conducteur gara son véhicule dans un parking souterrain, où une fraicheur douce et réconfortante régnait. C'était assez rempli pour cette heure, les magasins, pourtant, devaient être sur le point de fermer. Nous descendîmes vite du scooter et grimpèrent les marches jusqu'à la sortie. Camille répétait sans cesse quelques choses tout bas et l'entendre marmonner m'agaçais:
- Qu'est-ce que tu répètes comme ça, t'es devenu fou ? demandai-je, un peu plus cinglante que je ne voulais l'être.
- G13 vert ! Sourit-il.
- C'est quoi de ce truc-là ? enchainai-je nonchalamment
- L'emplacement de mon scooter, c'est un repère pour venir le rechercher après, je le répète pour le mémoriser, fit-il gaiment, sans que je sache pourquoi.
Je n'avais jamais vu ce genre de truc, je ne retenais jamais les numéros des places de parking, et donc je n'avais jamais vraiment fait attention à cette astuce.
Nous marchèrent en essayant de bousculer le moins de monde possible et sillonnâmes les rues à la recherche d'un potentiel magasin de robes de soirée. Les gens se ruaient dans les boutiques encore bien pleine pour les huit-heures qui sonnaient déjà. Camille s'arrêta et m'attrapa par la veste en m'entrainant devant une magnifique vitrine, avec de somptueuses robes, très chic et très féminines (ce qui, pour des robes, était un peu normal). L'enseigne discrète et non pas écrasante de luxe, retranscrivait Charming dans de grandes arabesques calligraphiques.
Après une bonne minute à contempler la devanture du magasin, je me décidai à entrer, suivie de mon ami du soir.




Chapitre 4

Charming



La porte eut un petit tintement; le parfum de lessive et de tissu me sauta aux narines. Je fermai les yeux pour n'imprégnait de toute la senteur de l'endroit. Je du probablement avoir l'air bête, car quand je rouvris les yeux, le grand brun me fixai d'un air dépité. Je lui fis une petite grimace de mécontentement, je faisais ce qui me plaisait !
J'avançai dans les rayons. Toutes ces magnifiques tenues de princesses m'arrachaient mon regard. Je les admirai toutes, une par une. Camille me suivit silencieusement, les mains dans les poches, dans une dégaine de parfait blasé.
Un vendeur apparut soudainement de derrière un comptoir et s'avança vers nous dans de petits piaillements.
- Bonsoir jeunes gens ! Que puis-je pour vous ? demanda-t-il en tirant ses lèvres au maximum dans un sourire à faire peur le plus dépressif.
- Bonsoir monsieur, et bien, je cherche deux robes, une de soirée assez officielle et une autre plus décontractée, vous pouvez me trouver ça ? fis-je en lui rendant un visage de jeune fille modèle.
- Mais bien sûr mademoiselle !
Il se jeta dans les rayons en fouillant les robes, les sourcils froncés et en poussant des « voyons voir » à chaque nouvelle tenue déployée. Il poussa les cintres dans de petits grincements.
- Vous recherchez une robe chic, mais de quelle couleur ? demanda-il en me regardant fixement.
Camille se tenait toujours derrière nous et observait la scène avec amusement. Je haussai les épaules:
- Ben je m'en fiche, du moment qu'elle me va bien...
Il me scruta de toute part en se caressant le menton dans un air de grand savant, tourna autour de moi, fixa mes iris, dessina de son regard mais cheveux. Je me mordis les lèvres pour ne pas rire, la scène me faisant penser à « Marraine la fée » de Cendrillon, s'apprêtant à lui faire sa robe de bal.
- Eurêka ! J'ai trouvé ! s'exclama-t-il tout à coup, m'arrachant un sursaut à moi et à Camille, après ce long silence. Je vais dans la réserve, attendez moi près des cabines d'essayage.
Je jetai un regard amusé à mon compagnon qui partit au fond du magasin, en trifouillant quelques étoffes. Je traversai la boutique et attendit devant l'une des trois cabines. J'avais hâte de voir ce que ce vendeur allait me dégoter. C'était bien la première fois qu'un vendeur était si plein d'entrain envers moi. Je l'entendis qui m'appelait de l'autre bout du magasin. J'avançai et arrivai devant le comptoir de caisse, derrière, un grand mur rouge se détachait du reste, avec une porte ouverte, où mon vendeur tenait un cintre qui soutenait la plus belle des robes que je n'avais jamais vue.
Une splendide tenue de soirée, très chic, très féminine et très sexy. Elle était couleur noisette avec des reflets dorés et quelques paillettes d'or sur le bustier, ouverte sur le côté, du milieu de la cuisse droite jusqu'à terre. Une vraie robe de grande dame mais qui restait tout à fait abordable pour une fille comme moi.
- Elle est de la même couleur que vos yeux, elle vous ira comme un gant, croyez-moi ! fit-il en me la tendant.
- Je vais l'essayer !
Toute folle à l'idée d'avoir une telle robe je l'attrapai et me précipitai vers les cabines. J'entrai dans la première et tirai le rideau de velours pourpre. J'accrochai le cintre sur le porte-manteau et commençai à me déshabiller. Ma coiffure se défit alors que j'enlevai mon t-shirt et j'ébouriffai mes cheveux avec amusement.
- Vous voulez un serre taille ou un corset ? demanda la voix du vendeur qui se tenait derrière le rideau.
- Un serre taille suffira merci ! répondis-je en passant une main en dehors.
Le rideau s'ouvrit alors que j'étais en soutien-gorge. Je cachai ma faible poitrine des deux bras et rougit.
- Je vais vous aider à le mettre, vous n'y arriverez pas seule, mademoiselle.
J'acquiesçai en silence et me tournai vers le miroir, j'étais rouge de honte et j'espérai que Camille resterait loin pendant cet habillage imprévu.
Le jeune vendeur passa le vêtement à lacet devant mon ventre et le serra dans mon dos. Il me demanda de prendre ma respiration, ce que je fis, toujours aussi rouge qu'une belle tomate bien mure. Il serra de toutes ses forces les lacets et quand je me détendis, j'avais l'impression d'avoir grandi et que ma poitrine était légèrement plus rebondie.
- Je vous laisse passer la robe, sur ces mots il referma le rideau.
J'enfilai soigneusement la tenue et ouvris le rideau. Le vendeur monta la fermeture jusqu'en haut dans mon dos et je pus m'admirer.
- Vous êtes...merveilleuse ! s'exclama-t-il, éberlué.
Le magnifique tissu satiné dessinait mon corps avec élégance, traçant mes courbes et dévoilant ma jambe. La superbe couleur marron clair, façon noisette/caramel faisait ressortir mes prunelles de la même teinte. Mes cheveux blonds foncés tombaient en cascade sur mes épaules, ils étaient en bataille, alors je les ramenai en un chignon improvisé. Je le tenais du bout des doigts en me regardant dans le miroir. Le vendeur me sourit et me tendit un ruban crème avec lequel j'attachai le tout, en faisant un beau nœud qui retenait ma chevelure, c'était à la fois très joli et très... « Fait maison ».
Camille arriva alors avec trois robes courtes dans les bras et s'arrêta net en me voyant. Il ouvrit d'abord de grands yeux, sa mâchoire du bas descendit légèrement et il m'observa méticuleusement avec cette tête. Il ravala sa salive et secoua la tête, un sourire en coin sur le visage.
- Wahou ! Célia, tu es...trop canon ! J'ai jamais vu une fille aussi belle, pourtant au cours de mon père ce n’est pas les belles danseuses aux belles robes qui manque ! Enfin, je veux dire... Putain, tu es sublime ! fit-il en bégayant un peu et en se passant une main dans les cheveux.
Là, je rougis tellement que je cru l'espace d'un instant que j'allais finir par imploser tellement j'étais gênée ! Je tournoyai sur moi-même puis sourit au vendeur:
- Je la prends !
- Excellent choix Mademoiselle, cette robe vous sied à ravir, je peux déjà vous dire que vous avez deux admirateurs ! répondit-il de sa voix mielleuse.
Je rentrai dans la cabine afin de me déshabiller et de rendre la superbe tenue au vendeur. Je ressortis avec le même sourire ravi sur les lèvres. Je tendis le cintre à l'homme qui repartit vers la caisse.
- Laquelle te plaît le plus ? demanda Camille en me présentant les trois robes courtes qu'il avait été déniché.
Je les contemplai toutes les trois; il y en avait une bleue Prusse magnifiquement décorée de petites perles, une rouge flashy avec une multitude de strass sur le corset et une noire satinée, assez simple mais très chic. Je n'avais pas envie de retourner dans les cabines, je savais d'avance que le rouge et le bleu foncé n'allaient pas du tout avec le teint de ma peau, et que le noir, en revanche, dans sa simplicité, irait comme un gant avec mon style.
Je pointai donc mon choix du doigt, Camille me la tendis et partit remettre les autres à leur place. Je déposai le cintre sur le comptoir du vendeur qui avait déjà emballai ma première robe dans un sac en papier aux petits cordons avec le logo du magasin en lettre dorée.
Il encaissa la seconde et la glissa dans un deuxième paquet. Camille revint en regardant son portable. Le vendeur lui tendit les deux sacs.
- Ça fera 1500$, s'il vous plaît !
Je sortis ma liasse de billet de mon sac et lui tendis la somme gentiment. Tout en repensant à la tête de Camille lorsqu'il m'avait découverte habillée de la sorte, je me retournai en lui souriant.
- J'ai appelé mon père et lui ai annoncé que j'avais une cavalière ! Changement de programme, il nous envoie une limousine ! fit-il gaiement en me faisant un clin d'oeil.
Wahou ! J'allais carrément être conduite comme une star jusqu'au salon ! Non, ce n'était pas possible, j'allais me réveiller...
- Est-ce qu'elle pourrait passer la robe une nouvelle fois dans les cabines avant de repartir ? demanda-t-il au vendeur.
- Bien sûr ! Tout ce que voudra mon petit couple préféré !
J'étouffai un petit rire. L'homme nous avait pris pour des amoureux, si ce n’était pas un rêve ça ! Camille me pris par les épaules et m'escorta jusque devant les rideaux.
Pour la troisième fois depuis quinze minutes, je me déshabillai et enfilai la robe marron qui m'allait si bien... Je fourrai mes affaires dans mon sac et rouvrit le rideau. Mon ami sourit, je voyais bien qu'il était troublé quand j'étais dans cette robe, et j'avouai que cela n'était pas pour me déplaire.
Je le suivis jusqu'à l'entrée du commerce. Notre boutiquier nous ouvrit la porte avec le même sourire plastique qu'à notre arrivée. Je le remerciai poliment et sortis. Camille me suivit jusque sur le trottoir.
Une énorme limousine blanche, avec de grandes vitres teintées et des enjoliveurs scintillant arriva du bout de la rue, doucement, en roulant silencieusement, comme le carrosse d'une star hollywoodienne.
Je posai ma main sur mes lèvres en la voyant s'arrêter devant nous. Un homme en costard, ôta sa casquette de chauffeur et m'ouvrit la porte en me faisant une petite courbette.
- Bonsoir mademoiselle. Je suis Wilkins, votre chauffeur. Monsieur Mac Gregor m'a chargé de vous escortai avec son fils jusqu'au salon de danse pour le bal de ce soir, déclara-t-il d'une voix solennel.
- Décontractez-vous mon vieux Wilkins ! s'exclama Camille en riant. Célia va croire que je suis un riche aristocrate !
Je souris et fis un signe au vendeur derrière la devanture de Charming qui observait la voiture avec de grands yeux ronds étonnés. Il me rendit mon sourire et agita la main gaiement.
Sans pour autant me persuader que je ne rêvais pas, je repliai ma robe et m'installai dans la limousine. Je m'assis sagement et Camille s'installa en face de moi.
Il y avait deux banquettes l'une en face de l'autre. Les sièges en cuir crème confortables entouraient une petite table. Au-dessus de la banquette de devant, il y avait une vitre teintée que l'on pouvait ouvrir pour communiquer avec le conducteur.
Mon ami me fixa en souriant devant mon air de gamine ahurie. Je croisai les jambes et m'installai plus confortablement. Le chauffeur grimpa à son tour dans l'imposant véhicule, il fit tourner la clef et le moteur vrombit, la voiture trembla doucement et démarra.
Tout ce bousculait dans ma tête: j'allais à un bal en compagnie d'un merveilleux garçon...que j'avais rencontré en m'évadant de l'hôpital où je devais mourir des suites d'un grave cancer. Je ne devais pas l'oublier non plus, ma maladie était toujours là, et alors que la limousine avançait vers la place, je sentais mon ventre se tordre, mais la douleur était habituelle. Je vivais avec. Le paysage défilait par les vitres. Malgré ce que le lendemain me réservait, le soleil qui déclinait me chauffait le visage et me réjouissait d'être au moins là en cet instant.
Je souris à Camille qui était en train de changer ma fin de vie inconsciemment.
- J'ai l'impression d'être importante !
- Tu l'es, tu es mon amie, alors tu es très importante !


Chapitre 5

Entrée dans un monde inconnu



J'avais horreur de rougir mais je ne pouvais m'en empêcher. Il étouffa un petit rire en me voyant. Je ne savais plus où me mettre. Je n'étais pourtant pas de nature timide, mais le sang me montait très vite aux joues.
La limousine roula doucement, sans encombre jusqu'à la rue principale où se trouvait la salle de danse. Nous longeâmes une place gigantesque où un parc d'attraction était installé avec ses manèges, ses grands-huit et sa belle grande roue. Je m'émerveillai devant ce spectacle de lumière que je n'avais pu admirer depuis un an. La musique résonnait un peu dans l'habitacle et une brise fine de gaufre chaude parvint à mes narines.
Devant ma tête de petite fille, Camille me fit un grand sourire:
- On y passera avec mes amis après le bal, ensuite on ira à en boîte, c'est juste à côté.
- Je t'avoue que c'est une excellente idée ! fis-je en riant. Je ne suis jamais monté dans une grande roue, aussi étonnant que cela puisse paraître, mais on peut dire que c'est un petit rêve, un souhait de la gamine joyeuse qui sommeille en moi...
Il ouvrit la bouche puis se ravisa. Je regardai mes ballerines qui juraient affreusement avec ma robe et éclatai de rire.
- Je n'avais pas pensé à cela, m'exclamai-je en pointant mes pieds de l'index.
- Effectivement ce n'est pas ce qu'il y a de plus classe ! rit Camille. Ne t'en fais pas, il y aura des paires de chaussures souples à talons pour danser là-bas.
- Ah, tant mieux ! Merci...
La voiture s'arrêta et la porte s'ouvrit brusquement. Mon ami sortit en premier alors que je me préparai psychologiquement. Derrière mon carreau, je distinguais bien une sorte de tapis rouge où se dressait, droit comme un piquet, un voiturier qui tenait la portière.
Je m'extirpai de la superbe limousine en essayant de ne pas être trop disgracieuse. La porte claqua et notre carrosse partit en avant. Camille me tendit sa main tel un gentleman bien appris et je lui donnai la mienne en grimpant les trois marches de tapis rouge.
Après cinq pas, nous arrivâmes devant un homme en costard qui tenait une liste. Il portait une petite moustache très aristocratique et ses petits yeux semblaient impassibles.
- Noms et prénoms je vous prie ! déclara-t-il.
- Camille Mac Gregor et Célia..., il tourna les yeux vers moi en signe d'interrogation.
Je n'avais pas pensé à lui communiquer mon nom de famille, ce n'était pas vraiment indispensable à notre âge.
- Anderson. Celia Anderson, répondis-je de ma façon « James Bond ».
L'homme renifla vivement ce qui fit remuer sa petite moustache recourbée sur les côtés. Il fixa Camille et s'inclina poliment. Je songeai à ce que ce vieil employé du père de mon ami ne devait certainement pas l'avoir reconnu et s'excusait d'avoir été si railleur. Mais qui était donc ce jeune homme pour qu'on le traite ainsi ?
Camille lui sourit:
- Ce n'est rien Monsieur Williams ! J'ai été ravi de vous voir ! (il se retourna et s'adressa à moi) Prépare toi à rencontrer mon excentrique père !
J'étouffai un rire. A vrai dire, je m'attendais un peu à tout avec ce que je découvrais sur la richesse de la famille Mac Gregor.
Nous pénétrâmes dans la salle. Spacieuse, carrée et emplie de gens habillés chichement, elle avait de grands murs de marbres s'élançant jusqu'au plafond peint qui semblait si haut. Les femmes comméraient dans leur coin et on entendait leur rire qui ressemblait cruellement aux piaillements des poules. Les hommes discutaient et buvaient une flûte de champagne. Une scène au fond de la pièce élevait un orchestre complet où les musiciens faisaient vibrer leurs instruments. Des serveurs passaient dans la foule pour apporter le champagne. Des tables emplies de grands plats de canapé et de petits fours se dressaient de chaque côté.
- Suis-moi !
Je m'empressai de suivre Camille à travers tous ces gens. Ils me regardaient bizarrement, je ne savais pas si c'était de l'émerveillement, de la jalousie ou simplement de la curiosité.
Mon ami me conduisit jusque devant l'orchestre. Il tapota sur l'épaule d'un homme qui se retourna et lui fit le plus grand sourire du monde.
- Camille ! Te voilà enfin !
Il serra le jeune homme dans ses bras et le relâcha après quelques secondes d'étreinte chaleureuse. L'homme se tourna alors vers moi; il était grand, ses cheveux noirs descendaient sur sa nuque dans de jolies boucles souples, ses yeux noisettes me fixaient intensément. Il faisait une trentaine d'année, mais je reconnu le père de Camille à sa façon de me dévisager ainsi.
Il s'avança vers moi et avec toute la grâce d'une danseuse étoile, il me fit un baisemain et me sourit agréablement.
- Enchanté superbe créature ! Vous devez être Célia dont Camille m'a parlé au téléphone tout à l'heure ?
- Oui, monsieur, je suis ravie de faire votre connaissance !
Il regarda Camille d'un air interrogateur:
- Où as-tu déniché une beauté pareille, mon fils ?
- Tu ne vas pas me croire mais je l'ai rencontré à l'hôpital en allant rendre visite à maman tout à l'heure, répondis mon ami en me fixant.
Il est vrai que l'hôpital n'est pas vraiment censé être un lieu de rencontre amoureuse pour ados et c'était tout de même comique de faire connaissance là-bas.
Le père de Camille sembla divaguer un instant et observa son fils avant de bafouiller maladroitement:
- Oh...euh...Quelles sont...Comment va ta mère ?
- Ils n'ont toujours pas trouvé la cause de sa crise cardiaque mais elle se remet, soupira son fils, merci de t'en inquiéter.
Ces dernières paroles semblaient ironiques. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'il se passait... Je me sentais de plus en plus observer et cela me rendait terriblement mal-à-l'aise. Monsieur Mac Gregor expliqua à Camille qu'il y avait plus d'invités que prévu et lui demanda d'aller se changer, qu'il y avait des costumes dans l'arrière salle ainsi que des chaussures pour moi. Camille acquiesça et me pris la main.
Je le suivis jusque derrière la scène où une porte se cachait, il l'ouvrit et m'entraîna dans ce qui ressemblait à un gigantesque vestiaire. Il me fit entrer.
- Il y a de quoi mettre à tes pieds pour danser au fond sur les étagères, prend ta pointure et rejoins moi dans la salle, je vais m'habiller !
J'opinai et sur ces mots, il quitta la pièce en refermant la porte derrière lui. J'avançai timidement parmi les danseuses qui passaient leur tenue de gala. Toutes avaient des robes hautes coutures magnifique, et pour la plus part des modèles uniques taillés sur mesure. Leur coiffure dépassait l'imagination, les chignons étaient plus beaux les uns que les autres, ornés de broches fleuris, dorées, toutes sortes de bijoux et de parures de luxe, aux prix bien connus pour être exorbitant.
Elles me toisèrent toutes vulgairement, moi qui faisais bien tâche devant tous ces grands cygnes. J'étais le vilain petit canard, la petite campagnarde cancéreuse venue s'incruster dans la fête.
Je pensais à toutes les fois où j'aurais rêvé étant petite, de pouvoir être dans un tel endroit, de longer de tels murs et de danser en compagnie de tous ces gens de la haute société. A l'époque c'était un rêve insaisissable, comme une princesse, j'avais trouvé le prince qui me faisait découvrir les choses qui pour moi n'étaient qu'illusions.
Il fallait que je revienne un peu sur terre, chaque histoire a ses ennemies, moi ce n'étaient pas la vielle reine jalouse, l'horrible sorcière ou la cruelle marâtre. Moi, je me retrouvai devant une horde de jolie fille qui reniait que je fasse partie des leurs ce soir, et je les comprenais. Elles travaillaient certainement dur pour avoir le privilège de paraître à ce genre de réception, moi j'arrivai parmi elles sans avoir rien fait.
Je tentai des sourires mais elles tournaient la tête et m'ignoraient. Au bout d'un moment, je me passais d'effort et fixai le sol. Je pris une paire de talons de ma pointure et m'assis sur le bord d'un des bancs, à côté d'une jolie rousse qui attachait les siennes. Elle portait une longue robe rouge qui la faisait ressembler à une grande flamme. Elle se redressa et s'adossa contre le mur, puis remarquant ma présence, me sourit. Elle était bien la première à le faire.
- Salut ! Tu es nouvelle ? Je ne t'avais jamais vue !
- Bonsoir, osai-je en essayant d'être le plus à l'aise possible, non j'accompagne Camille à la soirée...
Elle fronça ses fins sourcils soigneusement épilés ce qui assombrit son regard vert émeraude.
- Camille ? Camille Mac Gregor ? Il a enfin une cavalière officielle ?
- Ben oui... Il m'a invité à l'accompagner, fis-je dans un sourire tordu.
Elle acquiesça en souriant et entreprit de ranger ses affaires éparpillées. J'attachai la boucle de mes chaussures sans un bruit.
- Je suis une amie de Camille, de temps en temps il danse avec moi... En fait, il n'a jamais de vraie cavalière, il change tout le temps en fonction de qui est seule ce jour-là. Tu le connais depuis longtemps ?
- Non nous avons fait connaissance ce matin, mais nous avons tout de suite sympathisé !
Je reposai mes pieds à terre et contemplai les talons noirs. Une main tendue se glissa dans mon champ de vision.
- Moi c'est Lindy !
Je levai la tête sur la jolie rousse qui était aussi gentille que sa robe était rouge. Je lui serrai la main et lui donnai mon prénom. Elle me proposa de l'accompagner jusqu'à la salle et je me levai pour la suivre.
J'étais heureuse de voir que Camille choisissait correctement ses amies. De toutes les danseuses qui se pomponnaient dans la pièce, c'était la seule qui avait daigné ne serait-ce que me sourire.
Je ne savais pas vraiment pourquoi mais je sentais que je l'appréciai déjà, elle paraissait si douce et si gentille, avec ses boucles rousses, ses taches de rousseur, et ses yeux verts flamboyants.
Avant que Lindy ait pu prendre la poignée, une grande brune s'interposa devant la porte. Elle avait une chevelure extraordinaire, coiffée dans une moitié de chignon haut, avec une grande mèche qui courait le long de son épaule. Ses sourcils avaient une forme singulière, qui accentuait la vivacité de ses prunelles bleues pâles.
Elle nous toisa, prenant un air supérieur qui m'écœurait. Elle fit un signe de tête, me désignant, et cracha à la figure de Lindy:
- Qu'est-ce qu'elle fait là celle-là ?








Chapitre 6

La rivale



Le brouhaha des danseuses diminua et quelques-unes d’entre elles vinrent s’attrouper derrière la grande brune qui semblait avoir le rôle de leader, vu son air plein d’autorité, comme si cela avait été une habitude pour elle.
- C’est Célia, la cavalière de Camille. Ne commence pas ton numéro Rachel, tu sais très bien que j’ai horreur de ça ! gronda Lindy.
Rachel ne se démonta pas, elle me toisa et dans ses yeux brillait un sentiment mauvais que je n’arrivais pas à identifier.
- Camille n’a JAMAIS de cavalière ! répliqua-t-elle de sa voix hautaine.
Lindy soupira, on aurait pu croire qu’elle avait l’habitude de ce genre de confrontation. Elle posa sa main sur l’épaule de Rachel avant de déclarer plus bas, quelque chose que seules moi et les filles près de la belle brune, entendirent.
- Que cela ne te plaise ou non, il te refuse, alors un conseil d’amie : oublie !
Le ton froid qu’employait la rousse me glaça le sang. Un conseil d’amie ? Elles s’appréciaient toutes les deux ? Et qu’est-ce qu’elle voulait dire par « il te refuse » ?
Rachel ouvrit la bouche, mais, ne trouvant certainement rien à ajouter, se décala pour nous laisser passer. Lindy lui sourit, mais ce n’était pas un sourire de gentillesse, plutôt de la satisfaction.
Je suivis la rouquine qui passait la porte des vestiaires en tentant de sourire à la fille qui allait certainement demeurer une ennemie, souriant de façon à ce qu’elle comprenne que je ne cherchais pas à l’embêter. Elle ne me répondit que par un couinement de mécontentement être partit en emportant sa cour. Pff ! Tant pis pour elle !
Lindy me fit signe de la suivre, et de nouveau je me retrouvai au beau milieu d’une foule d’inconnus. Cela faisait un moment que je n’avais pas côtoyer d’autres personnes que ma famille et les médecins… Les gens se retournaient sur mon passage en murmurant, j’avais l’impression d’attirer l’attention de toute la salle, et j’essayais, en vain, de me convaincre que je me faisais des idées.
Je suivais la chevelure cuivrée de ma nouvelle amie, nous nous frayâmes un chemin jusqu’au buffet où Camille discutait avec un beau blond, un peu plus grand et costaud que lui.
- Hey, les gars ! Vous ne nous attendez pas ?
- Lindy ! Comment tu vas ma princesse ? s’exclama Camille en l’amenant à lui pour lui faire la bise.
Je ne trouvai rien d’autre à faire que de sourire bêtement.
- Tiens ! Tu as rencontré Célia ! (il tourna son regard vers moi) C’est drôle que c’est avec elle que tu aies sympathisé, c’est ma meilleure amie !
- Comme quoi on a déjà un point commun : on l’apprécie tous les deux ! fis-je en haussant les épaules.
Je me trouvai un peu ridicule de faire cette remarque mais je n’avais rien de mieux en stock. Le blond me dévisagea un moment, et son regard bleu lagon pesant me gênait quelques peu.
- Je te présente Timothée, mon plus grand ami, dans tous les sens du terme ! s’exclama Camille en désignant le garçon à ses côtés.
- Tu peux m’appeler Tim ! sourit le grand blond.
Je hochai la tête et me présentai à mon tour. Camille expliqua comment nous nous étions rencontrés et pourquoi il avait décidé de m’amener ici. Il décrivait la tête du vendeur quand j’étais sortie de la cabine quand Rachel fit son apparition dans sa somptueuse robe bleu qui allait à merveilleuse avec ses prunelles scintillantes. Elle se cala entre les deux garçons en passant un bras autour de leurs épaules respectives. Camille stoppa son récit pour saluer la nouvelle venue. Cette dernière lui fit un baiser sur la joue, lui, ne trouva rien de mieux que de la complimenter sur son apparence, pour qu’elle le gratifie d’un sourire de star époustouflant.
- Tu connais Célia, fit Lindy d’une voix étrange en regardant Rachel et en posant une main sur mon épaule, comme pour me soutenir moralement.
- Ah oui ? Tu as fait la connaissance de ma cavalière ? demanda Camille en baissant la tête pour voir son visage. Elle tordit ses lèvres dans un rictus de coin que j’aurais mieux voulu ne pas voir.
Des ennemis, avant cette soirée, j’en avais eu une bonne dizaine. Cela allait de Peter le dur qui me tirait les cheveux en maternelle, de Lucy la voleuse de bon point en primaire, en passant par Sarah l’horripilante voisine de mathématiques au collège et à, dans un bref délai, Conor le tombeur, qui m’avait directement proposé de sortir avec lui le jour de ma rentrée de seconde… Des gens à qui on ne cède aucune confiance et qu’on aimerait n’avoir pas rencontré, j’en avais connu. Mais la fille qui essaye de s’approprier un mec, sous le nez d’une autre à qui il ne déplaît pas, une rivale amoureuse en clair, je n’avais pas encore eu le désastreux privilège, d’avoir affaire à elle. Voilà que celle-ci se présentait et c’était malheureusement pour moi, une très belle fille, avec des jambes interminables, un décolleté à en faire fantasmer plus d’un et des cheveux à tomber par terre. Je me retrouvais face un ennemi difficile et coriace qui plus est ! Pourquoi moi ! ?
- Disons, que nous nous sommes croisées, s’appliqua à prononcer Rachel en me fixant de son regard bleu ciel menaçant.
Plus personne ne dis rien, c’était comme si des éclairs se jetaient entre moi et elle, tel un combat muet opposant l’amateur à la professionnelle. Comme pour voler à mon secours, Sebastian Mac Gregor se précipita vers nous, un plateau dans les mains.
- Allons jeunes gens ! Vous avez le droit à un verre avant d’entrer en piste !
Le père de Camille nous laissa prendre chacun une flûte de champagne avant de m’adresser un clin d’œil charmeur auquel je répondis par un sourire qui faisait trois fois le tour de mon visage. Sebastian donna une tape dans le dos à son fils qui lui adressa un petit rire complice.
Rachel, bouche grande ouverte regarda M. Gregor s’éloigner. Jalouse et étonnée, de l’apparent intérêt que me portais déjà le père de Camille. Je marquai un point. Mais je restai neutre, pour ne pas lui montrer les dents tout de suite.
Un homme chauve appela Camille d’une voix forte. Ce dernier tendit le cou pour l’apercevoir, il donna un coup de coude à Timothée. Le beau blond le suivis, et les garçons nous abandonnèrent pour suivre l’homme à travers les gens.
Lindy m’attrapa par la main avec une certaine précipitation.
- Viens ! Tu vas aller te coiffer et te maquiller, fit-elle. Excuse nous Rachel, on te laisse un moment.
La demi-star haussa les épaules en buvant sa coupe.
- Je viens de remarquer Mickael là-bas, je vais aller lui dire bonjour, expliqua-t-elle avant de disparaître.
Lindy soupira et me tira vers les vestiaires. Elle ouvrit la porte toujours en me traînant derrière elle et traversa le vestiaire. Nouveau brouhaha, nouveaux regards curieux, nouveau soupir. Au fond de la salle, nous tournâmes à droite pour longer un couloir et atterrir dans une grande pièce lumineuse, ornée de miroirs ronds entourés de spots, les mêmes que ceux des stars dans leur loge. Partout des femmes s’affairaient avec leur brosses, peignes, pinces, fard à paupière, à joue, et toutes sortes d’autres accessoires précautionneusement choisi. Des danseuses se contemplaient dans leur miroir en attendant le résultat final. L’atmosphère était très particulière, comme avant un grand spectacle. Les senteurs particulières de maquillage et de produits coiffants explosaient à mes narines.
Lindy me conduisis jusqu’à une jolie femme rousse qui portait de petites lunettes rondes, elle s’appliquait à coiffer une tignasse blonde en un chignon original décoré de perles blanches. Je reconnu immédiatement la mère de mon amie, qui comme pour confirmer mes pensées, s’exclama gaiement :
- Dit M’man, j’ai besoin de ton aide !
La coiffeuse leva son nez vers sa fille, une pince dans la bouche.
- Ze t’ai pas dézà maquillé ? demanda-t-elle en tentant d’articuler le mieux qu’elle pouvait avant de replonger dans son travail avec beaucoup de sérieux, visiblement elle était très appliquée.
- Non c’est pour Célia, elle vient seulement d’arriver !
La mère de Lindy me sourit en retirant la pince d’entre ses dents.
- Salut, je suis la maman de Lin, je ne t’avais jamais vu avant ?
- On t’expliquera après, tu peux t’occuper d’elle ?
- Bien sûr, je finis et je suis à vous mes grandes !
Je souris à la femme, qui devait avoir une quarantaine d’année mais qui avait gardé une beauté de jeune fille, et je reconnaissais bien dans ses traits fins et à sa flamboyante chevelure, la fille à mes côtés, Lindy.
- Merci madame ! souris-je.
- Oh pas de chichis voyons, appelle moi Liz ! répliqua-t-elle gentiment avant de placer la pince dans le chignon de la danseuse blonde installée devant le miroir.




Ps: je crois qu'il n'y a pas les italiques... Mais imaginez les là où ils pourraient être (désolée, c'est trop long de tout remettre ici --')




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MessageSujet: Re: Ma dernière nuit (6 premiers chapitre)   Ma dernière nuit (6 premiers chapitre) Icon_minitimeMar 6 Sep - 20:33

Géniaaaaaaaaaaaaal! bon je l'avait déjà lu mais bon! :p
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MessageSujet: Re: Ma dernière nuit (6 premiers chapitre)   Ma dernière nuit (6 premiers chapitre) Icon_minitimeVen 14 Oct - 20:11

Magnifique histoire,passionnant,je veut la suite..
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Ma dernière nuit (6 premiers chapitre)

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