Niark. Niark.
Je jetai un coup d'œil à gauche et un autre à droite avant de m'engouffrer dans le corridor. Le dortoir des garçons, je n'y avais encore jamais pénétré, c'était comme je l'avais imaginé. C'est à dire... bleu. En même temps, c'était prévisible, tout était bleu dans cette académie. Beurk, écœurant. Enfin bref, je m'étais donc introduite en douce dans la partie de la petite tour censée être réservée au garçons, qui plus est, en pleine nuit, pour la seule bonne raison qui en vaille la peine : faire une nouvelle saleté à mes colocataires. Il y a trois jours, j'en avais eu marre du traditionnel vol de vêtements, brosse et serviettes, elles s'y préparaient et faisaient des réserves, maintenant. Alors, il y a deux jours, j'avais confectionné un mécanisme qui imitait toutes sortes de bruit énervants, du style, la goutte d'eau qui tombe à intervalle régulier dans la flaque et qui vous empêche de dormir ou d'étudier. Ça les avait bien agacées mais ce n'était toujours pas assez. Le lendemain, hier donc, j'avais inter-changé leurs devoirs et mélangé toutes leur feuilles de cours, ça avait été assez drôle. C'est à ce moment que j'eus une brillante idée, j'allais bien m'amuser la nuit prochaine, donc ce soir. J'avais réussi à copier leurs écritures et ça me semblait crédible, en tout cas, assez pour que les garçons se laissent avoir. Eh oui, j'avais écrit des mots doux à presque chacun d'eux, c'était parfait, j'avais trois colocataires, cela me faisait trois garçons par chambre qui se feraient piéger et qui iraient à ce petit « rendez-vous » qu'elles leur proposaient. Je passai devant la loge du surveillant sur la pointe des pieds, révisant les mensonges que je lui débiterais s'il me surprenait à traîner ici, me retint de glousser, une noble ne glousse pas, une peste ne glousse pas non plus. Puis, vérifiant à nouveau qu'il n'y avait personne dans le couloir, je commençai à glisser les lettres par la fente sous les portes.