« Je pensais me connaître, d'une certaine façon, le bleu du ciel me connaît mieux. »

On la dit sage. On la dit douce. On la dit lucide. A vrai dire, on la dit ci, on la dit ça. Cette fille-là ne se décrit pas vraiment, elle s’apprend. Ann-Elizabeth est une jeune fille de bonne famille, bourgeoise, et pourtant rien en elle ne semble vraiment dans la lignée de ses origines. Humble et discrète, elle ne fera jamais rien pour se mettre en avant ou dépasser les autres. Même si elle ne s'efface pas et met un point d'honneur à la franchise et la sincérité, elle ne voit pas l'utilité d'user de ses connaissances pour éloigner les autres d'elle ou de ce qu'elle convoite. On peut ainsi rarement lui reprocher un manque de sociabilité ou d'esprit d'équipe, au contraire, elle aime être entourée et s'amuser le plus longtemps possible pour tout et n'importe quoi. Car bien qu'elle soit de façon général responsable et appliquée, ce n'est jamais la dernière pour se lâcher et brûler la vie par les deux bouts. Aux bouquins et aux bonnes manières, elle préfère largement les rires et la fête, aussi dépravée qu'elle puisse être. Surtout lorsqu'elle se met à trop boire, mais chut, ça pourrait tomber dans de mauvaises oreilles. Tendre, elle est assurément une oreille attentive pour tous. Même les personnes avec qui elle n'entretient pas forcément une bonne relation. Elle est souvent de bon conseils et ne juge jamais au premier abord. Par contre, au deuxième, pas besoin de se priver. Faire sa langue de vipère, ça fait du bien parfois, même si elle se rattrape, honteuse, quelques jours plus tard. Après tout, on ne connaît jamais vraiment personne. Même pas sois-même, au fond. 

Et puis elle est souriante, cette fille. Même quand ça ne va pas, elle ne le montre pas. En tout cas, elle essaye, car quand on la connaît un peu, ce n'est jamais difficile de lire en elle comme dans un livre ouvert. Un livre qui rends joyeux, sans doute. Alors bien qu'elle tente de cacher ses émotions, c'est toujours au final, impossible pour elle. Et elle s'en veut d'être aussi mauvaise comédienne. En fait, elle s'en veut un peu de tout. Elle ne trouve jamais quelque chose de positif dans ce qu'elle dit ou fait. Elle a besoin d'encouragement et de soutien pour avancer. Seule, elle ne pourrait pas affronter grand-chose, c'est sa faiblesse, la solitude. Cependant, elle n'est pas ce qu'on peut appeler une pacifiste. Cela peu sans aucun doute surprendre, mais elle a ses périodes où frapper un coup, ça l'amuse. Les bagarres, même si sa réputation lui déconseille d'y prendre part, elle court pour y assister tout de même. C'est qu'elle aime surtout voir de beaux mâles en plein acte de virilité. Un faible pour les machos ? Vrai, du moment qu'il la respecte quand même. Ainsi, pour défendre ses amis ou même si on l’agace, provoquer et agir ne lui pose aucun problème. Bien qu'elle fasse partie des élèves dits populaires, elle n'y prête pas vraiment attention. En fait, ça lui est franchement égal de l'être ou non. Elle est surtout intéressée par son pouvoir, et compte bien le développer au maximum. Parce que c'est précieux et fascinant à la fois. Elle, elle profite juste de la vie,

« Tenez vous droite Mademoiselle, mangez proprement, les couverts se prennent de l'extérieur à l'intérieur...»

Ann-Elizabeth connaissait le refrain par cœur. C'était sans fin, c'était épuisant. Ce n'était pas une vie saine à son goût. C'était de l'embrigadement tout ce qu'il y a de plus barbant. La bourgeoisie, sa condition, ses obligations, c'était ce qu'elle supportait le moins au monde, et elle s'y noyait jusqu'au cou depuis son enfance. Avant, c'était différent, elle n'était pas seule à affronter les mœurs et les règles. Avant, elle le supportait, elle était forte. Maintenant, ce n'était plus pareil. Et ça ne le sera plus jamais de toute façon. Elle regardait l'horloge avec insistance. Attendant l'heure où elle pourrait enfin s'échapper de là et retourner là-bas. A l'académie. Seule, alors qu'elle aurait du s'en aller dans cet endroit avec lui. Mais il n'y viendra jamais. Et ça, elle le savait mieux que personne.

C'était il y a 4 ans maintenant...

Sa robe blanche et légère se soulevaient face à la force du vent. Elle riait aux éclats et tourbillonnait au milieu de la serre. Les Roses rouges la regardait et chuchotaient entre elles, la jeune fille en était certaine. Mais une voix grave la sortit de ses rêveries, et elle quitta la serre pour aller à sa rencontre au dehors, sous le soleil tapant. La voix continuait à se faire entendre dans l'air, au plus grand bonheur de Ann-Elizabeth, qu courrait vers le garçon, bras ouverts. La journée avait été belle. La journée oui. Mais la nuit ne suivit pas le même chemin. Les étoiles illuminaient le ciel sombre, comme fait d'encre, qui pesait au dessus de la tête des deux gens, qui se promenaient, parlant de tout et surtout de rien. Près d'une rivière, elle et lui semblaient hors du monde. Un peu trop. Sans doute. Le temps ne fut pas long avant que le garçon ne décida d'aller se jeter à l'eau. Ann-Elizabeth le suivit, enthousiaste. Même dans la nuit, elle avait aperçue la chute de rochers enfoncées à demi dans la rivière. Alors elle s'était assise sur l'un d'eux. Et avait trempée ses pieds du bout des orteils, le laissant chahuter à côté d'elle. Le coin était rocheux et peu sécurisé. Une sorte de falaise était située devant le début de la rivière. On pouvait y sauter, si les rocs ne s'étaient pas un peu trop rapprochés. Le garçon s'en amusait, le garçon aimait ce genre de défi. Il se croyait immortel, depuis toujours. Puisqu'il était jeune, il pensait ne jamais mourir. Pas encore.


Et puis, il n'avait jamais répondu. Sur le moment, elle était restée calme, et puis de moins en moins. Surtout lorsqu'elle entendit la voix de Peter au loin . Regarde moi qu'il disait, je suis presque en haut. La lune était pâle, et ils savaient tous deux qu'aucun ne pouvait réellement voir grand chose. Il criait qu'il était tout en haut. Sans s'être fait mal ou avoir glissé, c'était déjà un miracle en soi. Et puis il avait sauté. Mais les miracles n'arrivent pas deux fois au même endroit. Et elle n'entendit pas son cri de joie quand il plongea. Rien qu'un affreux craquement qui résonnait entre les parois du moindre rocher. Et puis ses cris à elle.Terrifiée.

Depuis, le monde tournait un peu moins vite...

Mais il tournait quand même. Et elle souriait à nouveau. L'horloge indiquait enfin l'heure tant attendue. Un large sourire se dessina sur son visage et elle se leva avec rapidité de sa chaise, abandonnant son cours de bonne conduite. Sans faire attention aux grognements de son institutrice, elle quitta la pièce avec entrain, sans même saluer les invités de ses parents, certainement un autre dîner d'affaire. Elle se ferait disputée à sa prochaine visite sans aucun doute. Son dortoir lui manquait, et son peu de place aussi. Parce que c'était encore là bas, qu'elle était le plus libre.

« Quand je suis née, j'avais pas de queue et maintenant regardez moi ça ! »

Elle l'aime son pouvoir, ça vous pouvez le croire. Ce n'est sans doute pas le plus exceptionnel que l'on puisse avoir ou le plus utile non plus, mais elle l'accepte, puisqu'il fait parti d'elle à présent. Sa faculté spéciale consiste à modifier son ADN humain en empruntant des gênes animaux. Ainsi, elle peut emprunter des caractéristiques divers aux animaux. Par exemple une queue ou des oreilles de félin, des branchies pour respirer sous l'eau, des griffes, des ailes d 'oiseaux. Elle ne sait pas si lui est possible de se muter totalement en animal, car elle ne maîtrise pas encore totalement cette capacité. On lui dit que si, mais le temps lui montrera. Mais elle s'en amuse, traitez donc la de langue de vipère, et vous verrez à quel point vous pouvez avoir raison...

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