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 Noir de suie.

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Nezumi Ame


clan lunaire.
Nezumi Ame

petits mensonges : 375
date d'inscription : 06/08/2011
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MessageSujet: Noir de suie.    Noir de suie.  Icon_minitimeLun 18 Juin - 19:42

19h30, l’heure du repas. Tu es sensée aller manger, mais tu n’as pas faim. Ou plutôt, tu refuses de te rendre dans le réfectoire. Bizarrement, l’aspect habituellement « convivial » du lieu se transforme dans ta tête en « répugnant, grouillant et étouffant ». Le simple fait de te retrouver en compagnie de tes semblables te semble repoussant. Tu frissonnes. Ca faisait longtemps que ces accès de misanthropie n’étaient plus apparus. À tel point que tu pensais qu’ils avaient finis par s’effacer. Mais non, malgré le fait que tu te plaises ici, que tu ais des amis, il est toujours là. Ce trou béant qui t’étouffe de l’intérieur, qui te grignoteras vivantes si tu oses t’approcher d’un humain. Pourquoi ? Pourquoi t’est-il impossible d’être complètement heureuse ? Tu t’es posée la question des milliers de fois, tu te la pose et tu continueras de te la poser encore longtemps, tu en es certaine. Tu pries de tout ton cœur pour avoir le mince espoir de te tromper. Aïe. Ca fait mal. C’est douloureux. Tu pries encore, chose que tu te refusais à faire jusque là. La prière est affaire de lâche, une personne courageuse cherchera par tous les moyens à agir pour changer ce qui lui déplait. Mais quand tout est sombre, la moindre lueur éteinte, tu dois te résoudre à prier. Parce que tu as tout essayé, tu n’as plus rien à perdre et tu es désespérée.
Alors pour retarder l’échéance, le moment où tu devras retourner à ton dortoir et te mêler à la civilisation, tu ne te rends pas au réfectoire. Tu te caches dans un coin et tu attends. Tu attends. Tu attends. Tu attends que l’établissement ferme, que l’aile ouest soit désertée de toute présence et enveloppée dans l’obscurité. Noir d’encre, noir de nuit. Noir de suie. À ce moment là, tu sors de ta cachette et tu ouvres la porte d’une salle de classe. Criiii. Ca grince, comme toutes les portes de Lunacy. Ca te vrille les oreilles, rendues sensibles par l’obscurité opaque et le silence épais qui règne la nuit. Surnaturel. Aucun bruissement du vent dans les arbres. Aucun grillon, aucun insecte. Aucun bruit. Tu te bouches les oreilles. Ca t’effraierait presque, mais tu es habituée aux mystères. Un de plus… Après tout, tu es en sécurité. Bien plus en sécurité que jamais tu ne l’as été dans ta misérable vie. Tu rentres silencieusement, pour compenser le hurlement obscène du bois bleu grinçant sur le sol. Personne. C’est normal. Les cours sont finis depuis bien longtemps, maintenant. La lune éclaire la salle d’une lumière diffuse, comme un mince voile de lumière. C’est reposant, tout ce vide. Pas de professeur, pas d’élèves. Juste toi. Toi. Toi qui attends, immobile devant la porte. Puis tu te décides enfin à bouger, presque à contrecœur.
Sans bruit, toujours, tu avances vers une table. Deuxième rangée, à côté de la fenêtre. Tu pousses la chaise. Grimace quand elle grince, elle aussi. Criiii. C’est désagréable. Tu te bouches les oreilles, encore une fois. Tu remarques qu’un abruti a écrit sur la table, mais tu ne comprends pas l’alphabet utilisé. Pour une raison inconnue, ça te met en rage. Tu détournes les yeux. Dehors, par la fenêtre, tu observe le ciel. Tu arrives à apercevoir quelques étoiles scintillantes. Si tu pouvais sortir d’ici, tu contemplerais la magnifique voute céleste. Mais tu ne peux pas. Tu ne veux pas. Hypnotisée, tu te laisses aller à la beauté du ciel. Tu perds la notion du temps et de l’espace. Pour un peu, tu serais presque en transe. Jusqu’à ce que tu gâches tout. Grrblrl. Mortifiée, tu baisses les yeux sur ton ventre qui vient de se rappeler à toi. Tout est gâché. La magie s’est envolée, et toi, tu te rends compte que tu n’es pas seule. Qui ? Qui ? Qui est là ? Tu as honte. Honte, tellement honte. Quelqu’un t’a entendu. Une. Personne. A. Entendu. Tu te sens humiliée, et tu te retournes lentement. Tu le reconnais.
« Jun ».
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Jun Meiko


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Jun Meiko

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MessageSujet: Re: Noir de suie.    Noir de suie.  Icon_minitimeSam 23 Juin - 16:40

Noir de suie.  120623040435612709

Ce rêve... ce rêve... c'est encore ce rêve... Même si je me force à essayer de me réveiller, j'échoue. Je dois attendre la fin. Mais pourquoi ce rêve me revient-il fréquemment? Que veut-il me dire? Cette voix... encore cette voix enfantine et douce. Est-ce une petite fille? Est-ce un petit garçon? Je n'en sais rien... je n'arrive pas à le deviner. Tout est noir... la voix, elle s'adresse encore à moi. Que dois-je faire? Je ne peux rien faire, ce n'est qu'un rêve...
- Jun, es-tu prêt à accomplir ta mission? me demanda encore une fois la voix.
Quelle mission? Je ne peux pas parler. Je ne peux que penser. De la lumière... ça y'est, c'est finit l'obscurité. Et puis son récit continue. Elle est pureté... Et là, une silhouette lumineuse blanche comme un ange apparaît. C'est comme cela qu'on représente la pureté? Et l'impureté, comment la représente-t-on? Avec une aura noire? Jun... elle est fragile... elle est belle... elle va mourir! Et c'est à ce moment que ce rêve devient cauchemardesque. La silhouette qui semble féminine se brise et devient une magnifique jeune fille. Puis ses yeux se ferment et du sang coule sur tout son corps tandis que celui-ci se brise en mille morceaux comme une assiette que l'on aurait balancé par terre. Je me rapproche d'elle, et là... et là... pendant une fraction de seconde une personne au sourire sadique apparaît devant moi, couverte de sang. Too late, too late baby ! Elle chante, je ne vois plus son visage je ne me souviens plus de son visage. Elle chante, elle rit avec sadisme, mon coeur bât le chamade, je veux que ça se termine. Tout à coup, je me sursaute, je suis en pyjama sous des draps blancs, dans un dortoir remplit de camarades de classe.
- Ferme là! criai-je.
Je respire à fond, ma respiration est saccadée. Je rougis. Heureusement, ils ne sont pas réveillé. Pas d’inquiétude, je suis à Lunacy Avenue, une académie sécurisée. Je ne peux plus dormir, je me lève. Je porte une longue chemise m'arrivant au dessus des genoux. Mes cheveux sont en bataille. Pour une fois, je mets mes lunettes que je trouve très laides. Je sors discrètement de la chambre... La porte grince... comment peut-on être discret, ici ?! Ouf, ils dorment encore.

Je me promène dans les couloirs de Lunacy Avenue. Il fait noir... je n'ai pas peur du noir... ou peut-être que si... J'entends des pas. Je me retourne avec peur. Personne, ce n'est personne... du moins, c'était soit un professeur, soit un élève. Les élèves et les professeurs sont gentils, hein? Il ne peut rien m'arriver...

Une porte... dois-je l'emprunter? Oh... et puis... j'entre. C'est... c'est une salle de cours, ah, malheur... Non, c'est la salle de Français?! Oui, je reconnais bien cette gravure sur le bureau... Finalement, c'était bien d'être ici! J'étais assez fort en Français et on m'avait toujours traiter "d'intello". J'ai donc décidé de fouiller dans la petite bibliothèque de livre que l'on étudie et d'en choisir un au hasard pour le lire.

Des gargouillement? Je lève la tête de mon livre et remonte mes lunettes qui glissent. Qui est-ce? Malgré qu'il y ait peu de luminosité, je réussis à reconnaître ces cheveux pales et ces yeux rouges. C'était Katsushiha. Mon ventre se mit aussi à gargouiller. Je rougis avant de lui sourire. Je n'avais pas manger ce soir... J'avais eu envie de lire... et lire au réfectoire, c'est infernale.
- Jun, dit-elle.
Je lui fais encore un sourire. Je me suis ensuite levé en laissant le livre sur la bureau. Je suis allé la rejoindre. Quelle coïncidence! Mais est-elle là depuis longtemps? Elle serait là avant moi et je ne l'aurais pas remarquée? Elle serait là depuis peu de temps et je n'aurais pas entendu la porte grinçante? Peut-être, j'étais plongé dans ce livre...
- Bonsoir, Katsushiha. Tu as faim? fis-je en souriant amicalement.
J'imagine que la réponse sera surement oui. Sinon, pourquoi son ventre aurait gargouillé ?Aaah... mon ventre aussi m'appelle. Et de plus belle... Et bah, ça fait mal de ne pas avoir mangé! Mal... comme... comme dans la rue...

Noir de suie.  120623044335566627

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Nezumi Ame


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Nezumi Ame

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MessageSujet: Re: Noir de suie.    Noir de suie.  Icon_minitimeMar 26 Juin - 17:16

Spoiler:
Comme à son habitude, il te sourit. Tu aimes bien ses sourires, ils sont toujours gentils et spontanés. Comme les sourires d’un ami. Un ami ? Tu espères. Le bruit détestable se fait à nouveau entendre. Mais ce n’est pas toi. Pas ton ventre. C’est celui de Jun, qui rougit aussitôt, avant de sourire à nouveau. Du coup, tu souris aussi. Il sourit tout le temps, et ça te fait sourire. Communicatif. Tu l’observes plus attentivement. Il a des lunettes qui glissent sur son nez, et sort visiblement du lit. Du moins tu le penses, personne ne se balade dehors avec juste une longue chemise sur le dos. Tu souris encore, il a l’air sorti d’un autre monde comme ça.
« Bonsoir, Katsushiha. Tu as faim ? »
Tu arrêtes de sourire, et tu sens tes joues qui cuisent et prennent une détestable teinte écarlate. Tu regardes ailleurs. Que répondre ? Oui, tu as faim. Très faim. Mais tu ne veux pas lui dire. Tu as développé une dignité qui t’empêche de montrer tes faiblesses. Gargouiller, c’est admettre qu’on a faim. Et avoir faim est une sorte de faiblesse. Alors tu baisses la tête, tu reprends le contrôle. Et tu mens. Enfin, tu essayes, mais tu trouves ça mal alors finalement tu optes pour la vérité. C’est Jun. Jun. Tu peux lui dire, il s’en fiche. Il comprend, il ne dira rien.
« Oui. Toi aussi ? »
Bien sur qu’il a faim. Peut-être n’a-t-il pas mangé non plus, lui aussi. À moins d’y être allé tôt et d’être allé se coucher ensuite. Mais tu en doutes. Tu te rapproches de lui pour mieux le voir, il fait si sombre à présent que tu as du mal à distinguer précisément son visage. Tu te rends compte que tu souris, et tu fronces les sourcils. Depuis quand souris-tu sans t’en rendre compte ? Tu ne sais pas. Tu ne sais pas et ça ne te plait pas. Jusqu’à ce que tu décides que ce n’est pas grave. Pas avec Jun, en tout cas. Lui te comprends, il a été dans la même situation que toi. C’est ton ami. Enfin, tu l’espères.
Soudain, tu entends un bruit. Un bruit hors de la salle. Tu tournes brusquement la tête, les sens en éveil. Ce n’est pas un bruit de pas. Pas un bruit de voix, ni de souris ou d’animal. Plutôt comme un froissement d’étoffe. Le bruit délicat de quelqu’un qui bouge le bras, par exemple. Toi, tu es figée. Presque paralysée. Tu attends, tu guettes. Mais qu’est-ce que c’est ?
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Jun Meiko


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Jun Meiko

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MessageSujet: Re: Noir de suie.    Noir de suie.  Icon_minitimeMar 26 Juin - 21:17

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Elle ne sourit plus. Ses joues... elle sont rouges. Je la regarde alors étonné, mais je souris après quelques secondes de réflexion. C'est vrai que c'est un peu gênant d'avoir le ventre qui gargouille, là en devant quelqu'un. Du coup, comme je ne suis occupé à rien faire et que j'ai arrêté ma lecture, ma douleur au ventre revient petit à petit. Aah! Ça fait mal d'avoir faim! Mais ne nous inquiétons pas, je vais demander à Katsushiha d'aller au réfectoire avec m... ou peut-être... que je n'oserais pas... Des fois, ou plutôt tout le temps, j'ai envie de me débarrasser de cette timidité insupportable... Elle baissa la tête. Hein? E... elle ne va pas bien?...

- Oui. Toi aussi ? me demanda-t-elle.

Ouf, ce n'était rien. Enfin, peut-être... je ne sais pas. Katsushiha... c'est une fille... et les filles, c'est compliqué. Même si elle sont garçons manqués, agressives. Mais pourtant, je comprenais mieux Katsushiha que d'autres filles. Peut-être parce que nous avons tous les deux vécu dans la rue... Elle sourit puis elle fronça les sourcils. Je la regardai avant de sortir un petit rire. Je l'aimais bien Katsushiha. Elle était tellement sympathique.

Un bruit... ce n'est pas humain... Alors, c'est un animal? Non... Depuis mon aventure super flippante avec Yuki, je n'ai cessé de faire des cauchemars pendant une semaine. Nous avions failli mourir. Ce rêve habituel... Jun, es-tu prêt à accomplir ta mission? ... avait disparu pour faire place à ce cauchemar retraçant cette horrible journée. Jusqu'à aujourd'hui... J'angoissais. Je savais désormais que nous n'étions pas en sécurité dans cette académie. Je vis la poignée tourner. J'avais peur. Peur pour Katsushiha et un tout petit peu pour moi. Et par un reflex insensé je sautai sur Katsushiha et nous roulâmes sur le sol. Je lui mit la main sur la bouche, n'osant pas regarder ce qui est entré dans la salle.

- Je t'en prie, chuchotais-je, ne fais pas de bruit...

Ma voix était remplit de peur, et je lâchai une petite larme. Je ne veux pas qu'il arrive quelque chose à Katsushiha, il faut que je sois fort et que j'arrête d'être trouillard! J'ai maintenant 17 ans, alors il faut que j'arrête d'être gamin, timide, trouillard!

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