Let's go fishing !

date d'inscription : 26/08/2011

Yaaaaay. J'ai trouvé un bâton pour attraper les poissons.

Quelques heures plus tôt, Aiko se trouvait dans une sorte de grenier infréquentable. Elle y était entrée par pur esprit d'aventure et d'exploration. Les cours étaient beaucoup, beaucoup trop ennuyeux, selon elle. Par conséquent, sécher n'était pas mal dans l'absolu. De plus, la rouquine était absolument certaine d'y faire une découverte merveilleuse. Instinct. Et effectivement, elle avait trouvé un bocal à poissons contenant... Un squelette de poisson. Carnivore, avait immédiatement décrété la jeune fille. Elle avait faire une petite prière, paix à son âme et tout le tralala, puis le poisson lui avait parlé. Normal. Mue d'une graaande inspiration, elle avait adopté "l'esprit du poisson carnivore mort". Qui s'appelait en fait Tsuritama. (Oui, il lui avait dit.) Et même, c'était un poisson roux, tout comme elle.

Spoiler:

Elle s'entendit tout de suite trèès bien avec lui. Ginger's Link. C'était un poisson particulièrement cultivé. Il savait des tonnes de choses extrêmement intéressantes, telles que l'utilité du Bâton à Attraper les Poissons, qui se trouvait un peu plus loin dans le grenier... Et tout plein d'autres trucs moult utiles. Ils avaient discuté un peu. Ensuite, Tsuritama avait déclaré;

Maintenant, allons m'attraper un nouveau corps ! Au Lac, toutes !

Et les deux avaient couru en direction du Lac, du plus vite que les jambes d'Aiko pouvaient les porter, en hurlant comme des fous. En l'occurrence, seule la rouquine criait. Un poisson ne crie pas vraiment. Mais il blopblopait de toutes ses forces d'amphibien.

Une fois arrivés au bord de l'eau, Aiko avait un sourire resplendissant. Voilà qui changeait un peu de l'ordinaire. Durant sa course, elle avait attrapé par le bras une de ces camarades de chambre et l'avait entraînée de force jusqu'au Lac.

Adoptant un ton très solennel, elle avait décidé d'éclairer la lanterne de sa camarade. Pure gentillesse de sa part.

Andy, je suppose que tu te demandes ce que tu fais ici.

Seulement, elle était parfaitement incapable d'expliquer quelque chose clairement.

En fait, c'est Tsuritama qui veut un nouveau corps pour pouvoir vivre sa vie de poisson. Il est triste d'être un squelette, en plus, il voudrait retrouver sa soeur. Donc, nous devons attraper un poisson sans esprit pour le mettre dedans, tu vois ?

... Bien sur qu'elle voit. Tellement compréhensible. Non ?

petits mensonges : 213 date d'inscription : 02/03/2012

Cet après-midi-là, j’avais un trou dans mon emploi du temps. J’étai plutôt contente de pouvoir enfin me reposer un peu car si ma première fournée de cours ici avait été fastidieuse, les autres étaient beaucoup plus chargées. J’avais en plus décidé de suivre normalement les cours et de faire tout pour obtenir de bons résultats. J’étais dans le hall principal de l’académie, en train de relire un peu mes leçons, debout au milieu de cette salle lorsque j’entendis un cri puis les pas précipités d’une personne qui courait.
Levant ma tête, je pu voir l’identité de cette personne : c’était Aiko, ma camarade de chambre. J’étais contente de la voir : jamais il ne m’arrivait de m’ennuyer avec elle, j’adorais simplement faire tout et n’importe quoi en sa compagnie. Seulement là, je ne savais pas vraiment si c’était vers moi qu’elle courait comme ça, mais je devais travailler. Sans que je m’y prépare, elle m’attrapa par le bras au passage, me forçant à mon tour à courir. J’avais lâché mes fiches de révision, mais cela m’importait peu. Elle m’entraina hors du hall sans me laisser le choix de me débattre ou non.
Après l’avoir suivie à ce rythme, je remarquais que nous avions quitté l’établissement et que nous étions au bord du lac de l’académie. Je ne l’avais encore jamais vu de jour et je ne pus m’empêcher d’afficher un grand sourire, dévoilant mes dents blanches. Je la regardai, comme pour lui demander silencieusement ce que nous faisions là et d’un coup, les traits de son visage devinrent sérieux.
« Andy, je suppose que tu te demandes ce que tu fais ici., me dit-elle. »
J’étais partagée entre le rire et la curiosité et je n’aimais pas vraiment cette émotion. Je décidais d’adopter la même expression qu’elle, ne pouvant quand même retenir un léger sourire. J’hochai doucement la tête de haut en bas en guise de réponse. Mes révisions étaient déjà trèèès très loin.
« En fait, c’est Tsuritama qui veut un nouveau corps pour pouvoir vivre sa vie de poisson. Il est triste d’être un squelette, en plus, il voudrait retrouver sa sœur. Donc, nous devons attraper un poisson sans esprit pour le mettre dedans, tu vois ?, continua Aiko. »
Hmm… Je ne comprenais pas totalement tout mais mon sourire se renforça. Elle voulait qu’on pêche ? Petite, j’avais dû faire ça deux ou trois fois, il me semble que j’avais adoré. Mais en fait, c’était qui Tsuritama ? Un squelette de poisson ? Ca me semblait plutôt étrange, sans queue ni tête comme aurait dit ma grand-mère, mais cette idée me plaisait tellement !
« Comment on sait si un poisson a un esprit ou non ?, lui demandais-je. »
Pour moi, c’était une question enfantine, mais j’avais presque l’habitude d’en poser maintenant… Et je pense qu’Aiko avait aussi l’habitude de me les entendre dire. Je me demandais ce qu’elle pensait de ces questions ? Je doute qu’elles la fassent rire mais on ne sait jamais.
Seulement, malgré le fait que je pensais que ma question était idiote, je me demandais vraiment comment trouver un poisson sans esprit. Est-ce qu’Aiko le savait ? Sûrement. Quoi que… Ca ne m’aurait pas étonné qu’elle-même ne le sache pas.

date d'inscription : 26/08/2011

Comment on sait si un poisson a un esprit ou non ?

A-ah. Trèèèès bonne question. Aiko ne s'y attendais pas le moins du monde, et en plus, elle n'avait pas le temps de demander à l'esprit du poisson décédé, sous peine de perdre toute sa crédibilité. Elle fut par conséquent obligée de réfléchir extrêmement vite, ce qui dans tous les cas embrouillait ses pensées en quelques secondes. Les connexions entre ses neurones filèrent à la vitesse de l'éclair, mais pas vraiment dans le bon sens, ce qui donna premièrement une panique totale;

Aucune idée.

Non, impossible de répondre cela. Ca fait pas sérieux. Aujourd'hui, elle avait décidé de passer pour une femme mature et responsable. Pas gagné d'avance -du tout-, puisqu'elle n'était absolument pas de ce genre, mais qu'importe. Après quelques connexions supplémentaires, elle annonça tout haut;

Eh bien, c'est tout simple, leur oeil gauche est vert.

Oui, ça paraît même très probable. Pas le temps de se poser de questions, la première réponse venue à l'esprit était parfaite. De plus, le pauvre Tsuritama attendait. Bon. D'un ton moult professionnel, la rouquine repris;

J'espère que tu sais te servir du bâton à attraper les poissons. Parce qu'on en a un seul, et que je suis parfaitement incapable de l'utiliser.

Elle planta ses yeux dans ceux de son amie. Pitié, faites qu'elle dise oui. Puis, sans même attendre de réponse, elle attrapa une épuisette posée sur la rive. D'un mouvement totalement convaincu du bien-fondé de son entreprise, elle brandit l'objet vers le ciel.

Moi, je prends la puisette, et je regarde sous l'eau s'il y a des poissons sans âme, je te dis où ils sont, et tu les attrape, d'accord ?

Elle agita "la puisette" au dessus de sa tête, puis se tourna vers le Lac et... Se rendit compte de sa taille. Immense. Il était vraiment immense. Magnifique, qui plus est. Mais ça allait être difficile de trouver un poisson sans âme là-dedans, étant donné qu'il devait en avoir au moins... Beaucoup. Malgré cette difficulté apparente, un large sourire s'étendit sur les lèvres de la jeune fille. Elle sautilla joyeusement pendant quelques secondes, puis poussa un cri de joie qui réveilla sans doutes tous les amphibiens qui habitaient le Lac.

YAAAAAAAY !

Mais peu importe, rien aujourd'hui ne pourrait saper le moral de la jeune fille. Elle plissa les yeux, et fixa l'eau miroitante. Grâce à Tsuritama, elle distinguait dans les bas-fonds les ombres des poissons nageant sous la surface. C'était un point fort positif. Elle se mit à rire pour rien; puis donna un coup d'épuisette sur l'épaule de sa camarade.
Ce qui en fait signifiait... Signal de l'assaut.

petits mensonges : 213 date d'inscription : 02/03/2012

À partir de ce moment-là, il ne fallut pas que j’attende longtemps pour obtenir mon explication. Je la fixais, impatiente de savoir sa réponse. Je ne savais pas vraiment si elle-même le savait, et si elle ne le savait pas, je doute qu’on puisse aller plus loin dans notre expérience.

« Eh bien, c’est tout simple, me dit-elle, leur œil gauche est vert. »

Un œil gauche vert ? Aiko savait tellement de choses… Parce que oui, je la croyais. Il faut dire que j’étais un peu naïve et croyais tout ce qu’on me disait, ne me posant pas de questions du moment que ce n’était pas un sujet qui pouvait engendrer une action qui représentait ma vision du mal. En attendant, je n’imaginais même pas qu’Aiko n’en sache absolument rien, et je l’admirais pour son savoir sans failles. Je n’eus pas le temps de répondre qu’elle continua :

« J’espère que tu sais te servir du bâton à attraper les poissons. Parce qu’on en a un seul, et que je suis parfaitement incapable de l’utiliser. , disait-elle.. »

Me servir du bâton à attraper les poissons ? Ca ne devait pas être bien difficile, non ? et puis je l’avais déjà fait une ou deux fois, je pense que je pouvais m’en souvenir. Enfin j’espérais. En attendant, Aiko me fixait d’un air suppliant, je lui donnai donc un sourire pour la rassurer, avant d’essayer de pouvoir parler… Chose impossible, la rouquine n’attendu même pas ma réponse.

« Moi, je prends la puisette, et je regarde sous l’eau s’il y a des poissons sans âme, je te dis où ils sont et tu les attrape, d’accord ?, reprit-elle. »

Ca faisait beaucoup de pression pour moi, là… Je n’étais pas vraiment sûre d’être à la hauteur des attentes de mon amie, mais je pensais que j’allais pouvoir le faire au feeling, comme on dit. J’avais une bonne intuition de circonstances, et je pouvais le faire.
Seulement, à partir de là, quelque chose m’angoissa. Etait-ce mal, de pêcher ? Tant de gens le faisait… Au pire, si on attrapait un poisson avec une âme, il fallait le relâcher. Je ne pouvais pas me permettre de tuer dans d’horribles circonstances un poisson, comme l’asphyxier. Rien que cette idée me glaçait le sang. Soudain, Aiko me sortit de mes pensées en poussant un cri de guerre. Enfin, c’est comme ceci que je l’interprétai.

« YAAAAAAAY ! , fit-elle en sautillant sur place, visiblement emballée à l’idée de pêcher. »

Aiko se mit ensuite à rire pour une raison que je ne voyais pas vraiment, puis elle me donna un coup sur mon épaule à l’aide de son épuisette plus-tôt levée vers le ciel.
C’était là que mon savoir sur la pêche devait être su. Instantanément, je pris la canne à pêche dans mes mains, posant le côté par lequel il fallait prendre l’engin sur le sol. Je me mis droite, de façon à paraitre la plus sérieuse possible et afficha une expression sévère sur mon visage.
Je m’empêchais intérieurement de rire, cette image n’était pas vraiment moi, je jouais à ce moment-là un rôle. Je pris une voix plus grave que celle que je possédais habituellement, hésitant à adopter un accent étranger. Jugeant que ce n’était pas la peine de prendre une autre prononciation, je commençai mon cours express en utilisant des mots et des termes qui n’étaient pas non plus les miens : je cherchais quelque part à être le professeur.

« Aiko ! Sais-tu que les poissons ne veulent pas se faire pêcher ? C’est mieux pour eux d’être dans l’eau, tu dois le savoir., lui dis-je. »

À partir de là, je soulevai la canne à pêche et pointa l’autre l’extrémité vers ma camarade de chambre. Je ne pus m’empêcher de sourire, affichant mes dents blanches. Seulement il fallait vite que je reprenne mon sérieux, que je me remette vite dans le rôle. Je repris inconsciemment ma voix normale pour pouvoir prononcer :

« Et bien lorsque tu fais du bruit ou que tu coures près de l’eau, ils remarquent ta présence et fuient. Ils ont peur de sortir de leur eau, c’est pour ça qu’il faut être discret !, finis-je par dire en souriant à pleines dents. »

Ca, je le savais de ma grand-mère. C’était les restes que j’avais des parties de pêche que j’avais fait avec elle. Je me souvenais encore de l’excitation que j’avais ressentit à l’idée de pêcher : j’avais chanté, couru, crié tout le long du chemin vers la rivière.
Ces idées chassées de ma tête, je repris normalement ma canne et observa le lac… Malgré sa grandeur, elle ne semblait pas perdre espoir. Personnellement, ceci m’emballait encore plus.
Précédemment, la rouquine avait dit c’était elle qui allait chercher les poissons et que c’était moi qui devait les attraper, je pensais donc que c’était elle qui devait s’approcher d’abord de l’eau pour pouvoir mieux l’observer, mais contrairement à mes idées, je m’avançai en première vers le tout bord pour observer ce que ce lac possédait comme quantité de poissons. Je m’agenouillai pour mieux observer, un sourire sur les lèvres.
Je me demandais comment mon amie allait faire pour voir des poissons aux yeux verts dans cette eau trouble, mais cela pimentait un peu plus la chose, même si lorsqu’elle en trouverait un j’aurais encore plus de pression : il ne fallait pas qu’il m’échappe.

date d'inscription : 26/08/2011

Aiko ! Sais-tu que les poissons ne veulent pas se faire pêcher ? C’est mieux pour eux d’être dans l’eau, tu dois le savoir.

La rouquine resta silencieuse un cours instant. Dit comme ça, ça semble assez évident. Mais elle ne comptais absolument pas faire de mal à un poisson ! Elle voulait seulement trouver un corps pour l'âme de Tsuritama et une âme pour un corps vide. Ils se sentiraient sûrement beaucoup mieux l'un avec l'autre, n'es-ce pas ?

Et bien lorsque tu fais du bruit ou que tu coures près de l’eau, ils remarquent ta présence et fuient. Ils ont peur de sortir de leur eau, c’est pour ça qu’il faut être discret !

Oh, c'est pas stupide, ça. Aiko était fascinée. Elle posa son regard sur l'épuisette qu'elle tenais entre ses doigts. Sa camarade avait une voix vraiment persuasive. Et il en fallait peu à la rousse pour qu'elle croie dur comme du fer à n'importe quoi. Dans son esprit, c'était simple: il n'y a aucune raison pour que quelqu'un mente. Par conséquent, ce qu'on me dis est vrai.

Mais dis, Andy. Si il a pas d'âme, le poisson, es-ce qu'il entend ?

C'était une question qui venait de s'imposer à son esprit, et évidemment, elle l'avait posé sans y réfléchir un seul instant. Finalement, c'était plutôt pertinent. Et ça mettait sur la voie de tout un débat, à la "mais qu'es-ce que l'âme ?". Enfin, on va pas s'y mettre, vu qu'Aiko serait tout à fait capable de disserter des heures sur un tel sujet -oh, certes, de manière non organisée et avec des arguments bidons, mais des heures quand même.

De toute façon, ça a des oreilles, un poisson ?

Revenons à nos préoccupations matérielles. La rouquine avait suivi sa camarade jusqu'au bord de l'eau et s'était allongée, la puisette à la main. Elle regardait l'eau directement -pourtant le soleil y faisait d'affreux reflets, et on ne distinguait même pas le fond. Mais elle ne semblait absolument pas y prendre garde. Elle plongea sa main, fendant la surface, et la remonta vivement, la portant à hauteur de ses yeux comme pour l'examiner sous tous les plis. En vérité, elle mourrait d'envie de dire quelque chose à la...

Agent Andy, l'heure est grave. Il me semble à la vue de la couleur de ce liquide que l'avenir de la planète est en jeu. Nous devrions sortir le Termo-nucléon à Fission de Neutrons et le Capteur Interstellaire afin d'en évaluer l'ampleur. Je suggère de passer un coup de bigot au Capitaine.

... Aurait-elle parlé à haute voix ? Non, ce n'est pas du tout dans ses habitudes, n'es-ce pas ? Si ? - En un instant, elle vira au rouge tulipe. Trop de science-fiction. Pour combler le vide qu'avait laissé sa dernière tirade, elle plongea la tête sous l'eau. Syndrome typique de l'autruche.
Bref, il ne restait à plat ventre sur la berge que son corps, et dans l'eau, ses longues mèches rousses ressemblaient à une immense pieuvre. Elle y resta un long moment, agitant parfois au-dessus de sa tête la puisette, histoire de dire "Je suis en viiiiiiie".
Et, d'un coup, elle ressortit, trempée, et ;

ANDYDOUILLE, un poisson avec pas d'âme, là ! Attrape le ! Je te guide !

Elle re-plongea la tête sous l'eau. Des petites bulles s'échappaient de ses lèvres, et elle avait un immense sourire d'enfant. Tsuritama allait être content, son nouveau corps serait un magnifique baliste, noir et blanc...

petits mensonges : 213 date d'inscription : 02/03/2012

Spoiler:

Aiko regarda son épuisette, semblant réfléchir. Enfin pas très longtemps, vu qu’elle vint me demander :

« Mais dis, Andy. Si il a pas d'âme, le poisson, es-ce qu'il entend ? »

J’haussais les sourcils. Je n’en savais rien, moi… Qu’est-ce qu’il fallait que je réponde à ça ? J’ouvrais la bouche quelques instants, comme pour gober les mouches qui passaient pas là ou imiter un des poissons que nous voulions pêcher, et je me mis à réfléchir. Techniquement, d’après ce que j’avais appris par les cours donnés par ma grand-mère enfant, le son étaient une onde. Donc, lorsqu’on criait ou courrait, l’onde se propageait, et l’eau était réceptible à ce genre d’ondes. Donc les poissons devaient ressentir ces ondes, les percevoir et les traduire. Fière de ma conclusion, qui ne paraissait pour une fois non-enfantine, je fermais ma bouche et je me mis à sourire, avant d’essayer de lui faire part de mon hypothèse. Seulement, trop tard : je n’avais pas été assez rapide et Aiko était déjà partie sur autre chose.
Pendant que je cogitais, elle était venue à côté de moi et s’était allongée, le nez touchant presque l’eau. Elle plongea sa main dans l’eau, et ayant abandonné l’idée de lui expliquer mes impressions, je m’étais rapprochée d’elle pour voir ce qu’elle pouvait bien faire. Elle ressortit son bras et l’observa.

« Agent Andy, l'heure est grave. Il me semble à la vue de la couleur de ce liquide que l'avenir de la planète est en jeu. Nous devrions sortir le Termo-nucléon à Fission de Neutrons et le Capteur Interstellaire afin d'en évaluer l'ampleur. Je suggère de passer un coup de bigot au Capitaine. »

… Q-Quoi ? Je ne pus m’empêcher de rire, à ce moment-là, mais prenant un air sérieux tout de suite après. J’appréciais Aiko pour ces choses-là, cette facette-là de son esprit, mais je n’arrivais pas à la décrire... Ce Termo-nucléon à Fission de Neutrons, je me demandais à quoi il pouvait bien ressembler. Je me l’imaginais, un grand engin avec un caisson jaune, des roues comme pour les chars, une grande antenne qui envoyait des rayons ronds verts et visibles, comme des lasers, avec à l’arrière un panneau de commande high-tech, tactile avec un projecteur d’hologramme lui aussi-tactile. Aiko plongea alors soudainement sa tête dans l’eau. Je regrettais d’avoir ris. Cette idée d’arme à neutrons ou de capteur je-sais-plus-quoi me plaisait, comme pour la terre qui aurait été en danger. La rouquine avait beaucoup d’imagination, oui c’était le mot qui découvrait ce trait de sa personnalité : l’imagination et la spontanéité.

« Aiko ?, dis-je de manière innocente alors qu’elle avait toujours la tête sous l’eau. »

[justify]Elle ne voulait pas la remonter, cette tête, et je commençais à ne plus sourire du tout : elle était morte ? Alors que je m’apprêtais à me pencher pour la sortir de l’eau, elle me prit par surprise en agitant son épuisette, ce qui me fit sourire et me rassurait. Elle devait être mal à l’aise, mais elle restait quand même avec son aspect farfelu.

« ANDYDOUILLE, un poisson avec pas d'âme, là ! Attrape le ! Je te guide !, fit-elle en ressortant précipitamment la tête de l’eau, me faisant sursauter au passage. »

Instantanément, mes neurones se mirent à travailler. Pas qu’ils ne travaillent jamais, mais cette fois-là plus intensément. Prends ta canne à pêche, dépêche-toi !, me dis-je. Le cerveau était fascinant : il avait fait le lien à une vitesse phénoménale et mes muscles s’étaient déplacés à une vitesse alors incroyable, presque tout seul, sans que je me rende compte les avoir commandé. Enfin, c’était toujours comme ça, mais là spécialement j’y avais fait attention.

« J’arrive, j’arrive Aiko !, dis-je à mon tour. Ne le perd pas de vue ! »

J’attrapai la canne que j’avais posée juste à côté de moi lorsque je m’étais penchée sur Aiko, et je me relevai d’un bond. Aiko avait replongé sa tête dans l’eau. Je lançai ma canna à pêche et m’agenouilla les genoux touchant presque l’eau. Celle-ci les mouilla d’ailleurs un peu, et je pus remarquer qu’elle était plutôt fraiche. Pas vraiment désagréable, mais ça me donna des frissons.

« Il est où ?, fis-je, Guide-moi, je suis aveugle ! »

Enfin, façon de dire… Je n’étais pas vraiment aveugle, j’avais juste vu ça dans les films de science-fiction, avec les robots et la planète Pandora, les avatars et tout et tout. J’avais trouvé cette façon de dire plutôt classe, et je l’avais retenue. J’avais lancé ma ligne dans l’eau au hasard, décidant que je bougerais l’hameçon en fonction des informations d’Aiko. D’ailleurs… Est-ce qu’il y avait un appât sur l’hameçon ? Pas le temps de réfléchir à ça, il ne fallait pas le rater ce poisson.

date d'inscription : 26/08/2011

J’arrive, j’arrive Aiko !
Ne le perd pas de vue !

Aiko avait la tête dans l'eau. Dans l'eau, on entends pas bien ce qui provient de l'extérieur, elle venait de s'en rendre compte. C'était un peu comme si elle avait été dans une bulle isolée du reste du monde. Elle se demanda ce qu'il se passerait si quelqu'un retournait la terre. Es-ce qu'elle se retrouverai dans le nouvel air, ou es-ce que l'air resterai l'air et l'eau l'eau ? Es-ce que l'eau ne coulerait pas plutôt dans le ciel ? Es-ce que les humains marcheraient sur les bras ? Trop compliqué. Son esprit décida d'abandonner ces réflexions peu utiles au but qu'elle s'était fixée. Bref, Andy avait parlé -sûrement quelque chose de très important, et ce que la rouquine avait entendu se transcrivait plutôt par...

Bawiiiiiible ! Ko ! Blebèèh babluuu !

Ah bon. Ma foi... Ce fut un commentaire moult constructif. Aiko fut sujette à un court instant de stress. Qui sait, peut-être que sa camarade tentait de la prévenir d'un danger imminent, du genre un requin mangeur d'hommes en approche, ou d'un jardinier fou qui aurait eu envie de la tondre. Elle laissa échapper quelques bulles de panique, puis repris son sang-froid à l'aide d'une capacité à oublier le stress à toute épreuve.
Elle tendit le bras à la verticale, et indiquait par gestes la direction à sa camarade. Elle ressorti la tête de l'eau un court instant, histoire de ne pas mourir noyée de la tête seulement... Ce serait stupide et embarrassant, comme mort. Le corps qui resterai hors de l'eau, et le visage tout trempé. Comme un mort guillotiné, mais sans la lame. Enfin, elle pourrait toujours revenir hanter le Lac après son décès. Telle une morte-vivante, avec les cheveux trempés qui tomberaient devant sa figure, et les yeux grands ouverts et décolorés par l'eau salée.
A ceci près que l'eau d'un lac n'est pas salée.

Il est où ? Guide-moi, je suis aveugle !

...
...
... Nooooon ?!

Quoi ?! Tu me l'avais jamais dit, Andydouille !

C'est horrible. Comment fait donc Andy pour voir, mais sans ses yeux ?
Elle devait se repérer grâce à des ultrasons, non ? Genre, les ondes -des petits vers de terre qui volaient de partout, dans l'esprit de la rousse- percutaient les obstacles, et Andy les voyais. Ou les sentais, peut importe, la finalité était la même. Elle avait en outre développé un sens hors du commun pour cette faculté, ce qui faisait d'elle... Une super-femme. Ultra dingue. Il faudrait qu'elle lui demande, tout à l'heure.
Aiko haussa les épaules. Tant qu'elle attrapait le poisson, de toute façon... Elle replongea la tête dans l'eau, et scruta les profondeurs. Ce crétin d'animal avait foutu le camp ! Elle avança le buste, entrant les épaules dans l'eau. C'était froid, mais la jeune fille n'y prenait pas garde. Elle avait les yeux grands ouverts, et était en équilibre précaire sur la berge...

BLOIIIIIIIIK !

Elle avait évidemment crié sous l'eau. Déjà oubliées, les réflexions qui s'étaient tenues à peine quelques instants plus tôt dans son crâne. Elle se maudit intérieurement, et ressorti la bouche dans un tourbillon de bulles, puis déclara, très sérieuse malgré les longues mèches qui se collaient à son visage et à son cou;

A DROITE !

Et elle re-plongea à la vitesse du TGV. Sauf que cette fois, elle le fit un peu trop. C'est à dire qu'elle se retrouva allongée dans le lac -on ne sait comment, la malchance sans doute. Trempée, les cheveux dans tous les sens, et à genoux dans l'eau, mais sans se départir de sa mission. Bon dieu, où avait filé le poisson sans âme ?
Elle finit par remettre la main dessus. Façon de parler. Il s'était immobilisé. Elle sortit tout doucement le buste de l'eau, et indiqua à Andy l'endroit précis ou la proie se trouvait.

Il est là.

Elle avait chuchoté. Incapable d'utiliser le bâton à attraper les poissons, elle ne pouvait maintenant plus rien faire, à part compter sur sa camarade.