Nous avions marché à travers l’académie, lui devant. Je n’avais pas fait attention au chemin qu’il avait emprunté et si un jour je devais y retourner, je me serais certainement perdue : c’est à ce moment-là que je m’en serais voulu de ne pas avoir regardé la route. L’académie me semblait plutôt grande, je crois même que c’était le plus grand que je n’avais jamais visité. Aussi, ce que je savais, c’est qu’il y avait beaucoup de marches dans ces escaliers. Ça en devenait même un peu fatiguant… J’avais l’impression d’avoir un corps de vieux ! Je me promis de faire plus de sport que je n’en faisais là, histoire d’améliorer ma forme dans le futur.
Nous avions fini de marcher à travers l’académie, et nous étions arrivés à ce qui me semblait être le plus haut point de la tour où nous étions. Je n’en étais pas vraiment sûre mais c’est ce que j’imaginais. Au moins, une chose était pour moi certaine : l’observatoire n’était pas un observatoire de plantes, sinon quel intérêt à le mettre en hauteur ? Les plantes devaient vivre dans la nature, au sol, et dans le ciel il y avait peu de plantes. Enfin, il fallait plutot dire pas de plantes vu qu’il n’y en avait aucunes. D’ailleurs, est-ce que certaines plantes volaient dans les airs ? Avec des ailes ? Non, à ce moment-là, on perdrait le mot plante et ce serait plus un animal vu qu’une plante à des racines et que dans le vide du ciel, elles ne pouvaient pas pousser. C’était mon point de vue.
J’étais en train de m’égarer dans mes pensées lorsque nous franchissions le seuil de l’entrée de l’observatoire. C’était une grande pièce, spacieuse et circulaire, avec des baies vitrées qui laissaient voir le domaine de Lunacy Avenue et le ciel.

Je me tournais vers lui pour le regarder, quittant ainsi du regard la pièce dans laquelle nous étions, même si je l’avais peu regardée. Toute la marche avais été silencieuse et j’avais plus l’impression de briser le silence qu’autre chose, même si je ne trouvais pas ça plus mal.

Dans quelques heures, nous pourrons regarder les étoiles. Il y en a tellement, que l'homme, si important pour la Terre, devient inférieur, pathétique. Je pense que les étoiles apparaîtront bientôt quand nous serons à l'observatoire. Et comme un enfant, je pourrais admirer avec émerveillement cette couverture de paillettes dorées. Un sourire s'afficha sur mon visage, je ne sais pas pourquoi. Je pense sûrement à autrefois.

Je vis au loin l'observatoire et la nuit allait bientôt tomber. Andy semble ne pas trop faire attention au chemin que nous empruntons. Oui, la nuit arrive, je sens déjà sa douce fraîcheur caresser ma peau. J'aime beaucoup la nuit. Elle est apaisante, elle me rend calme.

Nous voilà enfin dans l'observatoire. Je regardai par les grandes baies vitrés le ciel qui est maintenant rose-orange. C'est un couché de soleil. Un beau couché de soleil. Le soleil se cachant derrière les collines reflètent dans mes yeux rouges.

- C’est ici Jun ?

Je tournai ma tête vers Andy et souris. Je veux partager ça avec elle! J'aimerais tant qu'elle voie les étoiles, alors ne quittons pas cet endroit. Restons, jusqu'à que la nuit se finisse. Et après, quand nous irons en cours fatigués, nous nous dirons : hier, j'ai regardé le étoiles.

- Oui, c'est bien ici. Tu as déjà vu un couché de soleil, Andy?

Je retournai la tête vers le ciel. Le soleil a bientôt finit de passer de l'autre côté de la Terre. Je souris. Elle en avait surement vu un, j'imagine. Pourtant, quand quelqu'un me dit qu'il en a déjà vu un, c'est qu'il est juste passé devant sa fenêtre et il a vu le ciel rouge-orange-jaune. Moi, quand je dis que j'en ai vu un, c'est que je l'observe, jusqu'à la fin...

J’aimais les gens souriant, c’était tellement agréable de voir un visage éclairé par un sourire qui nous inspirait la joie et la gaieté. Il fallait que je souris pour transmettre ces émotions, pour que tout le monde les ressentent comme je les ressentais, pour les partager au monde. Je n’aimais pas les sourires forcés ou les sourires par politesse, je préférais les vrais, qui traduisaient de vraies émotions. Je savais quand un sourire était forcé ou nom, mais parfois il était simplement traducteur de gentillesse, et même ce type de sourire me convenait : la gentillesse, c’était quelque chose de positif, et on avait tous besoin d’une personne gentille avec nous. Ça tombait bien, Jun souriait souvent et il avait l’air plutôt gentil.

Un coucher de soleil… Rapidement, je fis appelle à ma mémoire qui contenait mes souvenirs pour pouvoir répondre convenablement à Jun. Je fronçais rapidement les sourcils : c’était une bonne question. Je n’avais pas vraiment vu de coucher de soleil, après tout ma vie avait commencée dans mes souvenirs à mes sept ans, avant je ne me rappelais de rien. En commençant cette vie déjà enfant, sans passer par la case nouveau-né, j’avais dû me forger mon propre caractère, j’étais comme une poupée vide à mon arrivée, d’après grand-mère. Aidée de mon aïeule je m’étais reconstruite en environ deux ans. Mais je me souvenais que les repas se passaient tous au même moment, ils changeaient tous d’heure en fonction des jours, mais la table était prête à l’heure de la tombée de la nuit. Donc mis à part à travers les carreaux des fenêtres de la salle à manger, je n’avais pas vraiment vu de coucher de soleil, surtout dans son intégralité, du début à la fin. Balayant tous ces souvenirs et remettant mes idées en place pour pouvoir répondre au garçon, je décidais une réponse qui me semblait la plus juste. Pour moi, mon temps de réflexion avait duré une éternité, mais dans la réalité cinq secondes maximum étaient passées, même si mon temps de réponse avait été lent comparé à d’habitude.

Vu du salon… C’était enfantin, comme terme, je trouve. Il ne savait même pas à quoi ressemblait le salon de ma grand-mère (il était d’ailleurs un peu vieillot et pas du tout à mon goût). Je trouvais ça totalement idiot d’avoir dit la chose comme ça, j’aurais pu dire quelque chose comme mais toujours vu de l’intérieur de ma maison ou mais jamais de l’extérieur, mais là encore, ça me semblait idiot : il allait croire que je ne sortais jamais de chez moi. Mais je n’allais pas lui raconter toute ma vie et lui dire que c’était à cause du repas, de toute façon je doutais qu’il voulait la savoir ma vie. Pas qu’il ne s’intéresse pas à moi, mais plutôt que je me sentais inutile. Qu’est-ce qu’il allait penser ? Sûrement de la même chose que moi : que j’étais une gamine.