Aiko avait perdu Kaze. D'habitude, il la suivait partout, mais aujourd'hui, il était parti on-ne-sais-où se balader en solitaire. Elle avait envie de bouder. Tout de même, il aurait pu lui raconter. S'il avait trouvé une copine ou quoi. Quand il n'était pas là à se suspendre à ses longues mèches, elle se sentait vide.
Elle était arrivée, sans y penser, dans le parc. Sous un arbre, une petite fille aux cheveux roses bonbons lisait, l'air captivée. Ah, ce crétin d'écureuil lui tenait même compagnie. Enfin, si c'était avec elle qu'il était, ça allait. Pas de jalousie, la rouquine aimait bien Amee, sa camarade de chambre. Elle esquissa un petit sourire. Maintenant qu'elle savait que son compagnon ne risquait rien, elle pouvait faire des trucs tout à fait passionnants. Comme par exemple, se baigner.
La rouquine n'était pas vraiment fan de nage. Pour une simple et bonne raison; le maillot de bain. Oh, elle en avait un très joli, qui dégradait du orange pâle au rouge. Un bikini. Mais là n'était pas le problème. Ce qui la gênait, c'était d'être si peu habillée. Elle se sentais vulnérable au possible.
Elle enleva sa jupe, et défit son chemisier en regardant autour d'elle pour vérifier que personne ne venait. Si ça avait été le cas, elle aurait sans doute paniqué, et aurait couru jusque derrière un rocher afin de se cacher le plus promptement possible.
Bref, elle finit par entrer dans l'eau -sans pour autant ôter son couvre-chef. De la surface dépassait seulement le haut de son visage. Elle ferma les yeux, et commença à se détendre. Pour un peu, elle se serait endormie. Mais non. Un espèce de truc tomba dans l'eau, à deux pas d'elle. Elle fit quelques mouvement, scrutant le fond du Lac, se demandant ce que ça pouvait être. Tiens, un truc rose. Une seconde et demi après qu'elle ait pensé cela, elle réalisa. Amee. Encore une seconde et demi avant qu'elle ne songe à plonger pour récupérer la jeune fille, puis une seconde avant qu'elle ne fasse un mouvement. Pendant ce laps de temps, son cerveau était dans une sorte de sensation entre l'arrêt et l'accélération de ses pensées. C'était un des effets de la panique chez la rousse.

Elle plongea. Attrapa la main d'Amee sous l'eau. Et tira de toutes ses forces, jusqu'à la ramener sur la berge, et l'allonger sur le sable.

Aujourd’hui était un beau jour. Un jour avec une lumière telle que mes photos seront tout à fait sublime. À quelle chance d’être dans un endroit aussi magique que cette académie. Et effet, je pouvais avoir quasiment tous les paysages que je souhaitais pour faire des photos parfaites. J’en étais toute excitée à l’idée de pouvoir enfin m’abandonner complétement à l’une de mes passion (qui, à vrai dire, me consumée vivante). Je ne pouvais voir vraiment qu’à travers un objectif. C’est comme ça, mes appareils photos sont en quelques sorte mes lunettes du bonheur et d’un monde parfait, sans aucuns défauts, juste des faiseurs d’utopies. On peut prendre tout et n’importe quoi avec, du moment qu’on a réussi à adopter le bonne angle de vu. Les photos (bien prise évidemment) ont le pouvoir de transmettre des émotions. Les émotions du photographe (les miennes étaient souvent sombre, mélancolique, sinistre, funeste et parfois même glauque, en contrepartie je pouvais capter la chaleur d’un rayon de soleil, le sourire d’une amie, les couleurs chatoyante d’une feuille d’automne…

Aujourd’hui je choisi un vieux appareil à pellicule (je les développerais dans mon labo improvisé = chère salle de bain). Je le pris à la volé, le fourrai dans son petit sac en cuir usé et marron clair, et partis en toutes trombes vers le lac. Je voulais absolument photographier le reflet du soleil dans l’eau calme du lac qui s’offrait à nous. Aussi les nuages étaient tout simplement somptueux actuellement. Je décidai de m’attarder dessus quelques photos, pour bien immortalisé cette instant très poétique de sens pour moi. Je pris donc quelques clichés dans une joie intense, car, pour une fois, j’avais réussi la photo exacte que je voulais, quand je baissai mon objectif vers le lac et me retrouvai sur….une tête d’ange avec un œil rouge et l’autre caché par un cache œil.

Je retirai très doucement mon appareil de devant mon visage pour voir (en entier) Tomohiko arriver vers moi. A peine était-il arrivé près de moi que j’entendis un « plouff » retentir. Je regardai derrière Tomohiko (car il me cachait le lac qui s’avère être en face de moi) et me tordis d’une peur grandissante quand je vis une touffe de cheveux rose vive s’enfoncer à une vitesse fulgurante dans l’eau du lac. Dans le stresse le plus totale je n’entendis pas l’appel au secours que me donnait Amee, qui sombrait déjà dans les profondeurs du lac. Je me mis à courir à en perdre haleine. J’en avais oublié mon appareil photo que j’avais glissé dans les mains de Tomohiko avant de me lancer à la rescousse de mon amie, ni même celui-ci que j’avais laissé en plan. Mon cœur battait la chamade, mes oreilles bourdonnaient et mes larmes embuaient mes yeux. Je n’arriverais jamais à temps, je suis beaucoup trop lente. Je ne suis pas assez forte, je ne suis pas une bonne amie. Je suis vraiment une fille pathétique et horrible. J’étais trop lente, je n’arriverais jamais à temps me répétai-je en moi-même dans ma course folle pour la vie d’une amie chère. Je fus en partie soulagée de voir qu’Aiko était parvenue à la hisser sur la berge. Je priais pour qu’il ne soit pas trop tard, je priais pour qu’Amee puisse toujours me sourire, me faire rire, rien que me parler, continuer à prendre des photos d’elle (même à son issus), et qu’elle me sauve en me donnant mes vêtements quand je me serais endormie dans la salle de bains. Je ne voulais pas qu’elle ne m’apparaisse que dans mes rêves comme une ombre qui ne représenterait que la pale copie de mon amie. Je voulais qu’elle vive, elle était si jeune et si jolie. Elle avait encore tellement de choses à vivre…

Je glissai sur l’herbe et me lassai tomber aux côtés de mon amie, qui faisait des bulles en crachant de l’eau. J’étais soulagée et je ne pus m’empêcher de verser une dernière larme. Je fis un sourire à Aiko en la remerciant au moins mille fois et me penchai pour embrasser sur le front Amee. Je lui pris la main et le serrai tout en lui murmurant que c’était fini, que j’étais là avec Aiko et que tout allait bien. Je repris mon souffle, en essayant de calmer mon cœur qui avait eu trop d’émotions fortes d’un coup.

A la grande surprise d'Aiko, Amee s'était enfuie en courant, puis était revenue en maillot de bain... Et avait plongé. Plouf. D'un coup, sans même laisser à la demoiselle le temps de comprendre ce qu'il se passait.

Elle est niaise ou quoi, elle veut se noyer ?

La rouquine soupira, puis attrapa de justesse la main de la petite fille aux cheveux roses. Sauvée. Sur ce coup-là encore, elle avait eu de la chance.

Oublie pas que tu sais pas nager.

Elle fronça les sourcils, ne pouvant empêcher un sourire. Puis désigna un endroit assez calme où la plage s'enfonçait lentement dans le lac. Profondeur parfaite.

Là.

Elle marcha jusqu'à ce que l'eau lui arrive à peu près aux hanches. Pendant ce temps, Kaze et le chapeau étaient revenus jusqu'à la berge. Le premier grimpa sur son épaule, tandis que le second fut ramené de force sur la tête de la rousse. Son sourire s'étendit un peu encore. Puis elle se tourna lentement vers les deux filles.
Un léger coup de vent traversa le lac. Aiko cessa de sourire. La dernière fois qu'elle s'était baignée en compagnie de quelqu'un, bercée par la brise et les rayons chaleureux du soleil, c'était avec Grey. Elle fut prise par une bouffée de mélancolie. Il n'était pas là.

Finalement, songea la rouquine, je me suis trompée. La lettre, le code... Ce n'était absolument pas des indices.

Elle sentait encore sur sa peau les embruns de ce jour-là. Ils avaient, comme des gamins, fait une château de sable, puis couru sur la plage en se lançant des algues en pleine figure. Et celui qui tombe a perdu. Les jeux enfantins sont parfois cruels.
Elle secoua la tête pour chasser ses pensées. Cela ne lui ressemblait pas, elle qui avait toujours été joyeuse, insouciante... Elle peint sur son visage une expression heureuse, puis fit de nouveau un signe à Amee et Nownka. Ces deux-là, elle les aimait bien. Alors hors de question de perdre contenance et de s'enfermer dans un élan de blues.